Dans une annonce qui a pris de court la communauté internationale, le président tchadien a révélé dimanche que son pays avait mis fin aux accords militaires avec la France, son allié traditionnel de longue date. Cette décision, qui intervient à un moment où l’influence de la Russie et de la Chine ne cesse de croître en Afrique, soulève de nombreuses questions quant à l’avenir des relations entre le Tchad et la France.
Une rupture qui n’est pas un rejet de la coopération
Lors d’une déclaration à la presse, le général Mahamat Idriss Deby, à la tête du Tchad depuis le décès de son père en 2021, a tenu à préciser que cette décision ne constituait en aucun cas un rejet de la coopération internationale ou une remise en question des relations diplomatiques avec la France. Il a souligné que le Tchad n’était « nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de changement de maître ».
Une volonté de réorienter le partenariat
Le président tchadien a expliqué que cette rupture avait pour but de réorienter le partenariat avec la France vers d’autres domaines qui auront « plus d’impacts positifs sur le quotidien des populations respectives ». Il a insisté sur le fait que cette décision, motivée par la souveraineté du Tchad, n’avait pas été prise à la légère.
La France face à un nouveau revers au Sahel
Pour la France, cette annonce représente un nouveau revers dans la région du Sahel, où elle a déjà dû évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, suite à l’arrivée au pouvoir de juntes militaires qui se sont rapprochées de Moscou. Le Tchad était le dernier point d’ancrage de la France au Sahel, avec un millier de militaires répartis sur trois bases.
Chaque partie peut dénoncer le présent traité par le biais d’une notification écrite, cette dénonciation prenant effet six mois après réception par l’autre partie.
Extrait de l’accord militaire entre le Tchad et la France
Un tournant après trois années de transition
Cette décision intervient après trois années de transition politique au Tchad, qui se sont achevées en mai dernier avec l’élection de Mahamat Idriss Déby Itno, porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby, tué au front par des rebelles en 2021. Le défunt président avait pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser des offensives rebelles en 2008 et 2019.
Des questions en suspens
Si le président tchadien a chargé son gouvernement de prendre attache avec la partie française pour la mise en œuvre de cette décision, de nombreuses questions restent en suspens. Quel sera l’avenir de la présence militaire française au Tchad ? Comment évolueront les relations entre les deux pays dans les mois à venir ? Cette rupture annonce-t-elle un repositionnement stratégique du Tchad sur la scène internationale ?
Une chose est sûre, cette annonce marque un tournant dans les relations franco-tchadiennes et plus largement dans la géopolitique de la région sahélienne. Elle témoigne de la volonté croissante des pays africains d’affirmer leur souveraineté et de diversifier leurs partenariats, dans un contexte où l’influence de puissances comme la Chine et la Russie ne cesse de s’accroître sur le continent.
Il faudra suivre avec attention les développements de cette situation dans les semaines et mois à venir, tant du côté tchadien que français. Une nouvelle page semble en tout cas s’ouvrir dans l’histoire des relations entre ces deux pays, liés par des décennies de coopération militaire et diplomatique.
