Dans une annonce surprenante, le président tchadien Mahamat Idriss Deby a affirmé dimanche que son pays avait mis fin aux accords militaires avec la France, dernier pays du Sahel à abriter des forces françaises. Cette décision intervient dans un contexte où l’influence de Moscou ne cesse de croître dans la région.
Une rupture sous le signe de la souveraineté
Le général Deby a tenu à préciser que cette rupture ne signifiait en aucun cas un rejet de la coopération internationale ou une remise en question des relations diplomatiques entre le Tchad et la France :
Le Tchad n’est nullement dans une logique de remplacement d’une puissance par une autre, encore moins dans une approche de changement de maître.
Mahamat Idriss Deby, Président du Tchad
Il a souligné que cette décision, prise au nom de la souveraineté du Tchad, visait à réorienter le partenariat avec la France vers d’autres domaines ayant un impact plus positif sur les populations.
Surprise à Paris
L’annonce tchadienne a pris de court la diplomatie française. Faite quelques heures seulement après une visite du ministre français des Affaires étrangères à la frontière soudanaise, elle a obligé Paris à simplement « prendre acte » le lendemain.
Ces derniers mois, la France a déjà dû évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger suite à l’arrivée au pouvoir de juntes militaires pro-russes. Selon une source proche du dossier, Paris avait entamé une réflexion sur la reconfiguration de ses dispositifs militaires en Afrique.
Le Tchad, dernier bastion français au Sahel
Avec près d’un millier de soldats répartis sur trois bases, le Tchad représentait le dernier point d’ancrage majeur de la France dans la région sahélienne. Les accords de coopération militaire, hérités de l’indépendance, prévoyaient un délai de 6 mois avant leur dénonciation effective.
Le président Deby a chargé son gouvernement de prendre contact avec la partie française pour mettre en œuvre cette décision. Un nouveau chapitre s’ouvre dans les relations franco-tchadiennes.
Un allié historique face aux rébellions
Menacé par des offensives rebelles, l’ancien président tchadien Idriss Déby, père de l’actuel dirigeant, avait pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser des attaques en 2008 et 2019. Sa mort au combat en 2021 avait ouvert une période de transition, conclue en mai dernier par l’élection de son fils Mahamat.
Cette rupture des accords militaires marque un tournant majeur dans la politique étrangère du Tchad et les équilibres géopolitiques au Sahel. Si Paris semble prise au dépourvu, la montée en puissance de Moscou dans la région n’y est sans doute pas étrangère. Reste à voir comment évolueront les relations franco-tchadiennes dans ce nouveau contexte.