En cette fin novembre, l’atmosphère est électrique à l’Assemblée Nationale. Le gouvernement de Michel Barnier, fraîchement nommé Premier Ministre, fait face à une fronde parlementaire qui menace son existence même. Au cœur de la tourmente : le projet de budget de la sécurité sociale, vertement critiqué par les oppositions qui brandissent la menace d’une motion de censure.
Un Premier Ministre sur la corde raide
Malgré les appels au dialogue et à la responsabilité lancés par Michel Barnier, le fossé semble se creuser entre la majorité et les oppositions. D’après des sources proches de Matignon, le Premier Ministre et ses équipes auraient multiplié les tractations de dernière minute tout au long du week-end, examinant les demandes des différents groupes politiques, en particulier celles du Rassemblement National.
Car c’est bien Marine Le Pen qui semble tenir le destin du gouvernement entre ses mains. Forte de sa position pivotale à l’Assemblée, la patronne des députés RN n’a eu de cesse de durcir le ton, exigeant des modifications substantielles du budget. Faute de quoi, elle n’hésitera pas, assure-t-on dans son entourage, à voter la censure.
Le Spectre d’une crise politique
Si une telle éventualité venait à se concrétiser, c’est une véritable crise politique qui s’ouvrirait. Un rejet du budget serait en effet vécu comme un désaveu cinglant pour l’exécutif, à peine quelques mois après sa nomination. Michel Barnier pourrait-il se maintenir dans ces conditions? Rien n’est moins sûr.
Nous restons constructifs. Si nous n’avions pas eu envie de participer à l’élaboration d’un budget, j’aurais fait censurer le Premier Ministre dès sa nomination.
Marine Le Pen, Présidente du groupe RN à l’Assemblée
Du côté de la majorité présidentielle, on s’efforce malgré tout de garder son calme. « Nous sommes ouverts au dialogue, répète-t-on en boucle dans les couloirs de l’Assemblée. Mais pas question de céder à un quelconque chantage ». Les tractations devraient se poursuivre jusqu’au bout, chaque camp jaugeant la détermination de l’autre.
L’Opposition vent debout
Les critiques pleuvent également des bancs de la gauche. Pour le patron du PS Olivier Faure, Michel Barnier a « trahi le front républicain » en négociant avec l’extrême droite. Une ligne rouge pour les socialistes, qui pourraient eux aussi se laisser tenter par la censure.
Quant à La France Insoumise, elle ne cache pas sa volonté de mettre à bas le gouvernement. Son leader Jean-Luc Mélenchon a appelé toutes les forces de gauche à s’unir pour « en finir avec cette politique anti-sociale ». Le député LFI Alexis Corbière abonde : « Cette mascarade a assez duré, virons-les tous ! »
Vers un dénouement incertain
À l’approche de l’échéance fatidique, tous les scénarios semblent donc ouverts, y compris les plus radicaux. Si le gouvernement venait à tomber, de nouvelles élections législatives anticipées pourraient s’imposer, plongeant le pays dans une période d’instabilité politique prolongée.
Michel Barnier et ses ministres en ont bien conscience. Selon un conseiller de Matignon, « l’heure est grave, nous jouons l’avenir du pays ». Résultat, l’exécutif est sur le pont nuit et jour pour tenter de désamorcer la crise et trouver un compromis de dernière minute.
Mais le temps presse et les positions semblent figées. Sauf coup de théâtre, c’est donc vers un duel à distance entre Matignon et le Palais Bourbon que la France se dirige. Avec en toile de fond, le spectre d’une crise politique majeure qui pourrait faire tanguer la Ve République. Les prochains jours s’annoncent décisifs.