L’Islande vient de vivre un véritable séisme politique lors des élections législatives anticipées de ce dimanche. Pour la première fois dans l’histoire du pays, l’Alliance sociale-démocrate a devancé le parti de l’Indépendance, formation conservatrice qui dominait traditionnellement la scène politique islandaise. Un résultat qui marque un tournant démocratique majeur et ouvre une nouvelle ère.
Un scrutin sous haute tension
Ces élections législatives anticipées faisaient suite à l’éclatement en octobre dernier de la coalition gauche-droite au pouvoir. Dans un contexte de crise politique, les Islandais étaient appelés aux urnes pour décider de l’avenir de leur pays. Et leur choix est sans appel.
Selon les résultats définitifs rapportés par la télévision publique RUV, l’Alliance sociale-démocrate de Kristrun Frostadottir obtient 20,8% des voix, devant le Parti de l’indépendance du Premier ministre sortant Bjarni Benediktsson qui récolte 19,4%. Le parti centriste de la Réforme complète le podium avec 15,8%. Un bouleversement total du paysage politique.
Vers une coalition de gauche ?
Avec cette victoire, les sociaux-démocrates sont en position de force pour former le prochain gouvernement. Leur leader Kristrun Frostadottir a d’ores et déjà entamé des discussions avec les autres partis de gauche et du centre en vue de constituer une coalition majoritaire au Parlement. L’objectif est de trouver un accord rapidement pour doter l’Islande d’un exécutif stable.
Notre priorité est de mettre en place un gouvernement progressiste, féministe et écologiste pour faire avancer l’Islande.
Kristrun Frostadottir, chef de l’Alliance sociale-démocrate
Si les négociations aboutissent, l’Islande pourrait bien être dirigée pour la première fois par une femme. Un symbole fort alors que l’égalité hommes-femmes est érigée en priorité nationale depuis plusieurs années dans le pays.
L’Islande, laboratoire de la social-démocratie
Au-delà de l’impact national, la victoire de la gauche en Islande résonne comme un signal à l’échelle européenne et mondiale. Alors que la social-démocratie semblait en perte de vitesse ces dernières années face à la montée des populismes, l’exemple islandais prouve qu’une alternative progressiste est possible et peut convaincre les électeurs.
Avec son modèle alliant liberté économique et protection sociale, l’Islande fait figure de laboratoire pour la gauche réformiste. Un « modèle nordique » qui pourrait inspirer d’autres pays européens à l’heure où les inégalités se creusent et où l’urgence climatique s’impose comme un défi majeur.
Les défis du prochain gouvernement
Pour autant, la tâche s’annonce ardue pour la probable future Première ministre Kristrun Frostadottir et son équipe. Ils devront répondre aux attentes d’une population éprouvée par une décennie de crises à répétition, de l’effondrement du système bancaire en 2008 à la pandémie de Covid-19 en passant par l’éruption volcanique de 2010.
- Relancer l’économie et l’emploi
- Renforcer le système de santé
- Accélérer la transition écologique
- Réduire les inégalités sociales
- Restaurer la confiance dans les institutions
Autant de chantiers prioritaires pour redonner un nouvel élan au pays et construire l’Islande de demain. Le défi est immense mais l’espoir est permis. Avec ce séisme électoral, les Islandais ont envoyé un message clair : ils veulent du changement et sont prêts à faire confiance à une nouvelle génération politique pour y parvenir.
Une page se tourne en Islande. Reste à savoir si la gauche au pouvoir saura transformer l’essai et incarner une alternative crédible et durable. L’avenir du pays et peut-être celui de la social-démocratie européenne en dépendent. Le monde entier aura les yeux rivés sur Reykjavik dans les mois à venir.