C’est un pavé dans la mare que vient de jeter Marc Madiot. Invité des Grandes Gueules du Sport sur RMC ce dimanche, le manager de la Groupama-FDJ a tiré la sonnette d’alarme sur une pratique qui se généralise dans le peloton : l’utilisation du monoxyde de carbone. Une technique controversée, mais pour l’instant toujours légale, qui soulève de nombreuses questions éthiques et sanitaires.
Le monoxyde de carbone, le nouveau « dopage technologique » ?
Le monoxyde de carbone n’est pas une substance inconnue dans le monde du sport. Mais son utilisation dans le cyclisme atteint aujourd’hui des proportions inédites. Pourtant, ses effets sur la santé des coureurs est loin d’être anodin. « C’est simple, il faut dire non. C’est stop ! Il faut que tout le monde s’engage », a martelé Marc Madiot au micro de RMC.
Concrètement, le monoxyde de carbone est inhalé par les coureurs via un appareillage spécifique. L’objectif : augmenter la capacité de transport d’oxygène du sang, et donc les performances. Une technique qui s’apparente à une forme de dopage technologique, même si elle reste pour l’instant dans les clous de la réglementation de l’UCI (Union Cycliste Internationale).
Trois équipes déjà concernées
Selon des informations de RMC Sport, trois équipes du peloton utiliseraient déjà cette technique du monoxyde de carbone : UAE Team Emirates, qui compte dans ses rangs le double vainqueur du Tour de France Tadej Pogacar, Jumbo-Visma, l’équipe du tenant du titre Jonas Vingegaard, et Jumbo-Vimsa, une équipe féminine.
Face à cette situation, Marc Madiot a décidé de prendre les devants. Le manager de la Groupama-FDJ a annoncé avoir contacté le président de l’UCI, David Lappartient, pour l’alerter sur le sujet. « On doit s’engager à ne pas acheter cet appareillage et à ne pas l’utiliser. Je suis prêt à signer. Je le dis, personne n’utilisera cet appareillage dans mon équipe. Je m’y engage, même si les autres équipes le font », a-t-il insisté.
Des risques sanitaires à ne pas négliger
Au-delà des questions d’équité sportive, c’est bien la santé des coureurs qui est en jeu. On sait que l’inhalation de monoxyde de carbone, même à faible dose, n’est pas sans conséquence. Maux de tête, vertiges, nausées… Les symptômes peuvent être nombreux et handicapants.
Et surtout, une exposition répétée peut avoir des effets à long terme encore mal connus. « On est en danger », a résumé Marc Madiot, qui appelle ses confrères directeurs d’équipes à suivre son exemple. « J’invite mes collègues à avoir la même attitude. »
Quelle réponse des instances ?
Face à cette prise de position forte, la balle est désormais dans le camp des instances du cyclisme. L’UCI va-t-elle siffler la fin de la récréation et interdire purement et simplement l’utilisation du monoxyde de carbone ? C’est en tout cas le souhait de Marc Madiot.
« L’ITA (International Testing Agency) doit faire le gendarme et veiller à ce que personne ne l’utilise »
Marc Madiot
Mais il n’est pas certain que cela suffise. Certains observateurs plaident pour des sanctions sportives, voire pénales, pour les équipes et les coureurs qui auraient recours à cette méthode. Une manière de marquer les esprits et de couper court à toute tentation.
Quoi qu’il en soit, le cyclisme se retrouve une nouvelle fois confronté à ses vieux démons. Après les affaires de dopage sanguin et mécanique, voilà que le monoxyde de carbone vient jeter une nouvelle ombre sur un sport qui peine décidément à se défaire de ses dérives. Un constat amer mais nécessaire si l’on veut croire en des lendemains plus sereins pour la Petite Reine.