Un mois après les meurtrières inondations qui ont ravagé la région de Valence, faisant 222 victimes, la « Cité du running » s’apprête à accueillir son célèbre marathon ce dimanche. Mais en ces temps de deuil, pas question de faire la fête. Les organisateurs veulent faire de cette 43e édition un vibrant hommage aux disparus et un élan de solidarité envers les sinistrés.
Un marathon solidaire et mémoriel
D’après une source proche de l’organisation, la décision de maintenir l’événement n’allait pas de soi après une telle catastrophe. Mais plusieurs raisons ont plaidé en sa faveur :
- La nécessité pour Valence de redorer son image auprès des touristes étrangers, alors que 30% des 32 000 participants de l’an dernier venaient de l’étranger.
- L’impact économique non négligeable, avec plus de 31 millions d’euros générés en 2023.
- Et surtout, la volonté d’en faire un symbole de résilience et de solidarité.
Les organisateurs ont donc décidé de dédier cette édition 2024 à la mémoire des victimes et au soutien des sinistrés, en mettant en place plusieurs actions :
- Une minute de silence sera observée au départ.
- Plusieurs cagnottes permettront de récolter des fonds, abondées par les sponsors, les organisateurs (à hauteur de 3€ par finisher) et les coureurs eux-mêmes via une option de don.
- Un maillot spécial « Valence résiliente » sera proposé, dont les bénéfices iront aux victimes.
Bekele contre Lemma, le duel des vétérans
Malgré le contexte, le plateau sportif s’annonce relevé avec un duel très attendu entre deux légendes du marathon :
- L’Éthiopien Kenenisa Bekele, 41 ans, détenteur d’un chrono en 2h01’41 » datant de 2019 et qui tentera de renouer avec la victoire.
- Son compatriote Sisay Lemma, tenant du titre en 2h01’48 », 4e performance de tous les temps.
Chez les femmes, on suivra la prometteuse Kenyane Sheila Chepkirui, créditée d’un chrono en 2h17’29 » en avril dernier à Boston.
Un parcours rapide mais en partie inondé
D’après les dernières reconnaissances, le parcours ultra rapide de Valence, contesté à Berlin pour le record du monde, a été en partie modifié suite aux inondations :
- Certaines portions en bord du Turia, habituellement empruntées, restent impraticables car noyées sous les eaux.
- Un léger détour a dû être mis en place dans le parc de Capuleta, fortement endommagé.
- La montée finale vers la Cité des Arts et des Sciences, épique arrivée au pied des bâtiments futuristes de Calatrava, a pu être préservée.
Malgré ces ajustements, les organisateurs assurent que la rapidité et la beauté du tracé seront au rendez-vous. Un parcours symbolique puisqu’en 1957, une terrible crue du Turia avait déjà endeuillé Valence, causant 80 morts et d’immenses dégâts.
C’est justement suite à cette catastrophe que le lit du fleuve avait été asséché dans les années 60, le cours d’eau étant détourné en périphérie, pour devenir ce magnifique espace vert qui fait aujourd’hui la renommée de Valence. Cruelle ironie que ces jardins se retrouvent à nouveau sous les flots 65 ans plus tard…
L’espoir d’un nouveau record
Au-delà de l’aspect sportif, les organisateurs veulent croire que ce marathon 2024 est porteur d’espoir pour Valence et sa région. En annonçant son maintien dès le 15 novembre, au plus fort de la crise, ils ont voulu envoyer un message :
Le record que nous voulons battre est celui de la solidarité. Nous voulons montrer que Valence est plus forte que les éléments, que nos valeurs de partage et de rassemblement sont intactes malgré le drame.
Un responsable de l’organisation
Message reçu 5 sur 5 par les coureurs puisque les 35 000 dossards mis en vente début mars ont tous trouvé preneurs en quelques jours seulement. Du jamais vu dans l’histoire de l’épreuve.
Reste à espérer que l’émotion et la ferveur populaire permettront à Valence de se relever et de tourner l’une des pages les plus sombres de son histoire. Une façon comme une autre de rendre hommage aux victimes de la tragédie et de perpétuer l’état d’esprit de cette ville tellement attachante.
