Alors que les négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique se déroulent à Busan, en Corée du Sud, des craintes grandissent quant à un potentiel fiasco diplomatique. À la veille de la date butoir, plusieurs délégations ont exprimé leur inquiétude face à l’absence de consensus, laissant planer le spectre d’un échec retentissant pour cet accord international crucial.
Une fracture entre pays ambitieux et producteurs de pétrole
Au cœur des tensions se trouve l’opposition entre la « Coalition des hautes ambitions », regroupant une soixantaine de pays favorables à un traité fort s’attaquant à l’ensemble du cycle de vie du plastique, et un petit groupe de pays producteurs de pétrole comme la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran. Ces derniers estiment que le traité devrait se limiter à la gestion des déchets et au recyclage, une position jugée insuffisante par les défenseurs d’un accord ambitieux.
Le Panama en fer de lance pour la réduction de la production plastique
Face à cette impasse, plus de cent pays ont rallié une proposition du Panama visant à graver dans le marbre le principe d’une réduction de la production de plastique, une demande phare des pays les plus exigeants. Toutefois, la question épineuse des objectifs chiffrés a été renvoyée à plus tard, laissant planer le doute sur la portée réelle de cette disposition.
Cela provoquerait pas mal de froncements de sourcils.
Un diplomate de la « Coalition des hautes ambitions »
Des pays en développement inquiets pour leur avenir
Les pays en développement, souvent les premières victimes de la pollution plastique, expriment eux aussi leurs préoccupations. Le chef de la délégation de la République démocratique du Congo, J.M. Bope Bope Lapwong, a ainsi déclaré craindre un échec des négociations, pointant du doigt le manque de flexibilité de certains pays focalisés sur l’aspect économique au détriment de la dangerosité globale du plastique.
Le spectre d’un vote qui divise
Face à l’impasse, certains évoquent ouvertement la possibilité de soumettre au vote un traité comportant une disposition sur la réduction de la production plastique, au lieu de l’adoption par consensus habituelle pour ce type d’accord onusien. Une perspective qui fait craindre une division profonde entre les pays et fragilise l’avenir du traité.
Nous ne pouvons pas laisser quelques voix criardes faire dérailler le processus. Nous ne pouvons pas laisser quelques voix criardes nous condamner à une planète complètement polluée par le plastique.
Juan Carlos Monterrey, chef de la délégation du Panama
Les ONG sur le qui-vive
Massivement présentes à Busan, les organisations de défense de l’environnement ne cachent pas leur inquiétude face au risque de fiasco. Greenpeace a ainsi appelé les négociateurs à tenir bon, avertissant qu’un échec serait une « catastrophe absolue ». En parallèle, des militants de l’ONG ont mené une action coup de poing en abordant un pétrolier au large de la Corée du Sud pour réclamer un « traité fort sur le plastique ».
L’espoir d’un accord in extremis
Malgré les tensions, plusieurs pays gardent espoir de parvenir à un accord d’ici dimanche soir, date butoir des négociations. La France, par la voix d’une source du ministère de la Transition écologique, a ainsi affirmé souhaiter « trouver un accord » et « rester dans le cadre multilatéral des Nations unies », écartant pour l’heure l’hypothèse d’un vote qui ne serait soutenu que par une partie des pays.
Alors que le temps presse, c’est l’avenir même de la lutte mondiale contre la pollution plastique qui se joue à Busan. Après des années de discussions, l’heure est venue pour la communauté internationale de prouver sa détermination à enrayer cette crise environnementale majeure. Les prochaines heures seront décisives pour savoir si les négociateurs parviendront à surmonter leurs divergences pour donner naissance à un traité à la hauteur des enjeux, ou si le sommet de Busan restera dans les mémoires comme une occasion manquée face à l’un des plus grands défis de notre temps.