En ciblant des installations militaires et des entrepôts d’armes en Syrie ce dimanche, Israël ne livre pas seulement une énième offensive dans le cadre du conflit qui l’oppose au pays voisin. L’État hébreu adresse surtout un message on ne peut plus clair à l’Iran, dont l’ingérence grandissante en Syrie est perçue comme une menace directe à sa sécurité.
La Syrie, « arrière-cour » de l’Iran et du Hezbollah
Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, l’Iran a considérablement accru sa présence et son influence dans le pays, apportant un soutien décisif au régime de Bachar el-Assad. Téhéran a notamment déployé sur le terrain des milliers de combattants, dont de nombreux membres du Hezbollah libanais, son allié indéfectible. Une situations qui fait de la Syrie l’arrière-cour stratégique de la République islamique.
Frapper la Syrie revient à affaiblir l’Iran qui en a fait son arrière-cour. Les Iraniens font ce qu’ils veulent dans ce pays que Bachar el-Assad ne contrôle plus.
Fabrice Balanche, spécialiste du Proche-Orient
Un message fort à l’Iran
En pilonnant des sites stratégiques en Syrie, Israël envoie donc un avertissement sans équivoque à son ennemi juré iranien. L’objectif : montrer sa détermination à contrer par tous les moyens l’expansion de Téhéran dans son voisinage immédiat. Un acte fort qui révèle l’extrême fébrilité de l’État hébreu face à ce qu’il perçoit comme une menace existentielle.
L’équilibre régional en jeu
Au-delà du conflit israélo-syrien, ces frappes mettent en lumière les profondes lignes de fracture qui traversent le Moyen-Orient. D’un côté l’axe formé par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah, de l’autre Israël et les monarchies sunnites du Golfe qui voient d’un très mauvais œil l’expansionnisme perse dans la région. Un face à face explosif dont la Syrie est devenue malgré elle l’épicentre.
Reste à savoir jusqu’où cette escalade mènera et quelles en seront les conséquences pour le fragile équilibre régional. Une chose est sûre : en prenant pour cible la Syrie, Israël joue une partition risquée qui pourrait bien mettre le feu aux poudres. Et précipiter une confrontation directe avec l’Iran que beaucoup redoutent mais que personne ne semble en mesure d’empêcher.
Les prochains jours seront donc déterminants pour jauger la réaction de Téhéran et de ses alliés. Mais il y a fort à parier que dans ce bras de fer à distance, personne n’aura intérêt à céder du terrain. Quitte à ce que la Syrie, et avec elle toute la région, s’embrase un peu plus.