Alors que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ouvre ce vendredi son 41e congrès à Séville, le Premier ministre Pedro Sánchez devrait en sortir renforcé malgré la tempête politique qui secoue son entourage. Scandales à répétition, enquêtes judiciaires visant plusieurs de ses proches : rien n’y fait, les rangs se resserrent autour du chef de l’exécutif.
Signe de cette volonté d’étouffer toute voix dissonante, Juan Lobato, patron de la fédération socialiste de Madrid, a été poussé à la démission mercredi. Son tort ? Avoir mis en cause une conseillère de La Moncloa, le siège de la présidence du gouvernement, dans une des affaires empoisonnant la vie politique espagnole depuis des mois. Des fuites concernant un accord négocié entre la justice et le conjoint de la présidente de la région de Madrid, poursuivi pour fraude fiscale, sont au cœur des tensions.
Avalanche d’enquêtes judiciaires sur l’entourage de Sánchez
Corruption présumée, trafic d’influence, fuites embarrassantes : les affaires se multiplient et éclaboussent de nombreux proches du Premier ministre. Son épouse Begoña Gómez, son frère David Sánchez ou encore son ancien ministre des Transports José Luis Ábalos, longtemps considéré comme son bras droit, sont tous dans le viseur de la justice. Des enquêtes balayées d’un revers de main par les intéressés, qui crient au complot de l’opposition.
Les gens qui vont aller à ce congrès seront plus attentifs aux enquêtes, aux procédures, aux convocations et aux accusations qu’à l’ordre du jour.
Alberto Núñez Feijóo, chef du Parti populaire
Face à ces attaques, le PSOE choisit la contre-offensive. María Jesús Montero, numéro 2 du parti et du gouvernement, accuse Feijóo de n’avoir « aucun projet pour l’Espagne » autre que de « renverser Pedro Sánchez ». « C’est un projet putschiste », assène-t-elle, dénonçant une opposition uniquement motivée par sa soif de pouvoir.
Un Premier ministre conforté malgré l’adversité
Malgré ce contexte délétère, Pedro Sánchez devrait être reconduit sans surprise à la tête du PSOE dimanche, lors de l’élection du secrétaire général. Aucun challenger n’a osé se présenter face à lui. Un congrès initialement prévu en 2025, mais avancé d’un an à la demande d’un chef du gouvernement en quête de nouvelles assises.
Car si Sánchez fait front sur le plan judiciaire, il doit aussi composer avec une majorité fragile au Parlement. Son gouvernement minoritaire s’appuie sur une coalition hétéroclite allant de la gauche radicale aux indépendantistes basques et catalans. Un équilibre précaire, source de tractations permanentes.
Tensions exacerbées après les inondations meurtrières
A cette instabilité politique s’ajoutent les terribles inondations qui ont ravagé le sud-est de l’Espagne il y a un mois, faisant 230 morts. Un drame qui a encore attisé les tensions entre le gouvernement central et l’exécutif régional de Valence, dirigé par la droite. Accusations de négligence contre récupération politique, chaque camp s’est renvoyé la responsabilité du lourd bilan.
C’est donc une rentrée sous haute tension qui attend Pedro Sánchez et ses troupes à l’issue de ce 41e congrès du PSOE. Mais malgré les vents contraires, le Premier ministre peut compter sur le soutien indéfectible de son parti. Une loyauté qui lui sera précieuse pour affronter les nombreux défis à venir et tenter de reconquérir une opinion publique troublée par les affaires.