Une situation catastrophique. Voilà comment les responsables des Nations Unies décrivent le chaos qui règne actuellement dans la bande de Gaza. Selon eux, le territoire palestinien a sombré dans une anarchie totale, marquée par une recrudescence alarmante de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés.
L’ampleur de la souffrance des Palestiniens « doit être vue pour être comprise »
Ajith Sunghay, chef du bureau des droits humains de l’ONU dans les Territoires palestiniens, tire la sonnette d’alarme après sa dernière visite à Gaza. Selon lui, l’ampleur de la souffrance des Palestiniens de Gaza « doit être vue pour être vraiment comprise ».
« J’ai été particulièrement alarmé par le niveau de la faim », a-t-il déclaré lors d’un point presse. Il témoigne également d’un effondrement total de l’ordre public et de la sécurité, exacerbant une situation déjà critique, avec « des pillages généralisés et des luttes pour des ressources qui se sont raréfiées ».
Une anarchie annoncée, qui aurait pu être évitée
M. Sunghay souligne que cette anarchie, au sujet de laquelle l’ONU avait « sonné l’alerte il y a des mois », est désormais une réalité. Une situation prévisible qui, selon lui, « aurait tout à fait pu être évitée ».
Hausse alarmante des violences faites aux femmes dans les camps
Le responsable onusien a fait état de nombreux témoignages de jeunes femmes, souvent déplacées à plusieurs reprises, signalant un manque criant d’espaces sûrs et d’intimité dans leurs tentes de fortune.
Certains affirment que les cas de violence sexiste et de viol, d’abus envers les enfants et d’autres formes de violence dans les camps de réfugiés ont augmenté, en raison de la guerre et du délitement de l’ordre public.
Ajith Sunghay, chef du bureau des droits humains de l’ONU dans les Territoires palestiniens
Femmes et enfants réduits à fouiller les décharges pour survivre
La situation dans la ville de Gaza est décrite comme « horrible », avec des milliers de déplacés réfugiés dans des « conditions inhumaines, avec de graves pénuries alimentaires et des conditions sanitaires terribles ». Un triste symbole de cette détresse : M. Sunghay raconte avoir vu, pour la première fois, des dizaines de femmes et d’enfants gazaouis fouiller dans les déchets de décharges géantes pour tenter de récupérer de quoi survivre.
Aide humanitaire entravée par les autorités israéliennes
Alors que le niveau de destruction à Gaza « ne fait qu’empirer », l’aide que l’ONU devait apporter aux 70 000 personnes qui vivraient encore dans le nord de Gaza est entravée, en raison « d’obstacles répétés ou des rejets de convois humanitaires par les autorités israéliennes ».
Il est absolument évident qu’une aide humanitaire massive doit arriver – et ce n’est pas le cas.
Ajith Sunghay, chef du bureau des droits humains de l’ONU dans les Territoires palestiniens
L’ONU appelle à un cessez-le-feu immédiat et à la libération des otages
Face à cette situation catastrophique, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains appelle à un cessez-le-feu immédiat. « Les tueries doivent cesser », a martelé son porte-parole Jeremy Laurence, réclamant également la libération « immédiate et sans condition » des otages et des personnes détenues arbitrairement.
Tous les efforts doivent être faits pour fournir d’urgence toute la nourriture, tous les médicaments et toute l’aide vitale dont Gaza a désespérément besoin.
Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits humains
Un lourd bilan humain des deux côtés
Selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens, l’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.207 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le 7 octobre 2023, incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
En représailles, la guerre menée par Israël a tué 44.330 personnes à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Face à l’ampleur de ce désastre humanitaire, la communauté internationale se doit d’agir de toute urgence pour venir en aide aux populations civiles prises au piège de ce conflit, et œuvrer à l’établissement d’un cessez-le-feu durable pour éviter que Gaza ne sombre davantage dans le chaos.