Savez-vous ce qui préoccupe le plus les Japonais en ce moment ? Ce n’est ni la Coupe du monde de football, ni les derniers smartphones, mais bien l’état de l’économie nippone. Et pour cause, l’archipel fait face à une inflation persistante depuis deux ans et demi, du jamais vu depuis des décennies. En octobre, la hausse des prix atteignait encore 2,3%, avec une flambée de 59% pour le riz ! Un véritable coup dur pour le pouvoir d’achat des ménages.
Dans ce contexte morose, la croissance s’essouffle elle aussi, avec un maigre 0,2% au 3ème trimestre. Le gouvernement de Shigeru Ishiba, nommé il y a à peine deux mois, se devait de réagir. C’est désormais chose faite avec l’approbation vendredi d’un budget supplémentaire de 88 milliards d’euros pour financer un vaste plan de relance de 136 milliards.
Un pari audacieux pour doper l’économie
L’objectif est clair : stimuler la consommation en soutenant le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes, tout en donnant un coup de pouce aux régions rurales. Au menu, des enveloppes pour les bas revenus, des subventions sur le carburant et l’énergie ou encore une baisse des revenus imposables. Un plan massif avec lequel Shigeru Ishiba espère redorer son blason.
Car le Premier ministre, malgré son arrivée récente au pouvoir, fait déjà face à une impopularité grandissante. Son parti, le PLD, a ainsi perdu la majorité absolue à la chambre basse lors des législatives anticipées d’octobre. Et selon un sondage du quotidien Mainichi Shimbun, seuls 31% des Japonais approuvent son action, contre 50% d’opinions défavorables.
Ishiba pris en flagrant délit de sieste et de mastication peu élégante
Il faut dire que Shigeru Ishiba a accumulé les faux pas ces dernières semaines. Il a été surpris en train de faire une sieste en pleine séance au Parlement et n’a pas daigné se lever pour saluer d’autres chefs d’État lors d’un sommet du G20. Pire, une vidéo embarrassante l’a montré tentant d’engloutir d’une traite une volumineuse boule de riz, en mâchant la bouche ouverte. Pas très glorieux pour l’image du dirigeant nippon.
Un budget financé par la dette et des recettes fiscales meilleures que prévu
Mais revenons à ce fameux budget supplémentaire qui doit maintenant être débattu au Parlement d’ici fin décembre. Pour le financer, le gouvernement compte s’appuyer en partie sur l’endettement, avec l’émission d’obligations à hauteur de 41,6 milliards d’euros. Il table aussi sur des rentrées fiscales plus importantes que prévu, qui dépasseraient de 24 milliards les projections initiales.
Un pari audacieux donc, mais nécessaire pour tenter de relancer la machine économique nippone. Shigeru Ishiba l’a martelé devant les députés : il veut créer un cercle vertueux où les salaires progresseront plus vite que les prix et où les entreprises investiront pour générer de la valeur. Reste à voir si ce volontarisme suffira à convaincre une opinion publique de plus en plus sceptique et rétive.
Le Japon à la croisée des chemins
Car au-delà de l’impopularité de Shigeru Ishiba, c’est bien l’avenir du modèle économique japonais qui est en jeu. Après trois décennies de stagnation et de déflation, l’archipel peine toujours à retrouver une croissance vigoureuse et durable. Les Abenomics, cette cure de choc mise en place par le prédécesseur Shinzo Abe, n’ont pas tenu toutes leurs promesses malgré des résultats initiaux encourageants.
Le Japon est donc plus que jamais à la croisée des chemins. Il doit trouver un nouveau souffle, renouer avec une prospérité durable et inclusive. Un défi immense dans un contexte international incertain, entre guerre commerciale, pandémie et bouleversements géopolitiques. Shigeru Ishiba en est-il conscient ? Son plan de relance est un premier pas mais il faudra sans doute aller plus loin, repenser en profondeur le logiciel nippon.
Les prochains mois seront décisifs pour le nouveau Premier ministre et pour le pays tout entier. L’avenir du Japon se joue maintenant, les dés sont jetés. Espérons que Shigeru Ishiba saura insuffler un nouvel élan et restaurer la confiance. L’archipel a besoin d’un capitaine solide et inspiré pour surmonter les défis de demain. Mais dans la tempête économique et politique actuelle, rien n’est moins sûr.