Les regards sont tournés vers le Liban alors que le pays traverse une période charnière de son histoire récente. Sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022, le pays du Cèdre se retrouve une nouvelle fois confronté à une impasse institutionnelle. C’est dans ce contexte que Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial français au Liban, s’est rendu à Beyrouth pour souligner l’urgence d’élire un nouveau chef de l’État.
Une visite cruciale au lendemain du cessez-le-feu
La visite de l’émissaire français intervient à un moment charnière, tout juste au lendemain de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Cet accord a mis fin aux affrontements meurtriers qui opposaient depuis plusieurs semaines l’armée israélienne au puissant Hezbollah pro-iranien. Mais au-delà de l’accalmie militaire, Jean-Yves Le Drian est venu porter un message fort :
Je suis venu au Liban immédiatement après l’annonce du cessez-le-feu pour marquer le soutien de la France à sa mise en œuvre intégrale et souligner l’urgence, plus que jamais, d’élire un président de la République et relancer le processus institutionnel.
Un scrutin présidentiel enfin annoncé
Une lueur d’espoir est apparue avec l’annonce par Nabih Berri, le président du Parlement libanais, de la tenue du scrutin présidentiel le 9 janvier prochain. Une nouvelle saluée par l’envoyé français qui s’est dit « satisfait » de cette avancée. Depuis la fin du mandat de Michel Aoun, les divergences entre le Hezbollah et ses adversaires bloquaient jusqu’à présent l’élection d’un nouveau président, faute de majorité claire au Parlement.
Mais la donne semble avoir changé depuis que Naïm Qassem, nouveau chef du Hezbollah, a promis dans un discours le 20 novembre « une contribution efficace » de son mouvement à l’élection présidentielle. De son côté, le Premier ministre Najib Mikati a appelé à saisir l’occasion du cessez-le-feu pour « ouvrir une nouvelle page » et élire rapidement un président.
La France aux côtés du Liban
Durant sa visite, Jean-Yves Le Drian a multiplié les rencontres avec les principaux responsables libanais, dont Nabih Berri et Najib Mikati. Il s’est également entretenu avec les ambassadeurs des pays du « Quintette » (France, États-Unis, Qatar, Arabie saoudite et Égypte) qui travaillent de concert sur le dossier libanais.
Aux côtés de ses partenaires du Quintette, la France accompagnera les efforts des acteurs libanais pour aboutir à un résultat positif pour l’avenir du Liban
a déclaré l’émissaire français.
Nommé envoyé personnel du président Emmanuel Macron au Liban en juin 2023, Jean-Yves Le Drian, qui fut ministre de la Défense puis des Affaires étrangères, s’est rendu à de multiples reprises à Beyrouth ces derniers mois. Sa visite de vendredi, la première depuis le cessez-le-feu, avait valeur de symbole fort quant à l’engagement de la France aux côtés du Liban.
Le Liban à la croisée des chemins
Alors que l’échéance du 9 janvier approche, tous les regards sont désormais tournés vers les députés libanais. Parviendront-ils cette fois-ci à s’entendre pour élire un président et ainsi sortir le pays de l’ornière ? L’enjeu est crucial pour le Liban, en proie à une crise économique et sociale sans précédent.
Sans président depuis plus d’un an, le pays s’est enfoncé dans la paralysie politique, alors même que la population souffre de pénuries et d’une inflation galopante. L’élection d’un nouveau chef de l’État apparait plus que jamais comme un préalable indispensable à toute relance du pays.
La pression internationale, incarnée par la visite de Jean-Yves Le Drian, sera-t-elle suffisante pour débloquer la situation ? Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir du Liban. Un pays qui, plus que jamais, se trouve à la croisée des chemins entre sombre dérive et espoir de renouveau.