L’étau se resserre autour de la ville d’Alep, en Syrie. Les jihadistes et leurs alliés ont lancé une vaste offensive depuis mercredi dans le nord-ouest du pays, se rapprochant dangereusement de cette cité stratégique. D’après un bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les violents combats auraient déjà fait plus de 240 morts, majoritairement des combattants.
Alep sous la menace des jihadistes
Vendredi matin, les forces de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), épaulées par des groupes alliés dont certains proches de la Turquie, ne se trouvaient plus qu’à environ deux kilomètres d’Alep, deuxième ville de Syrie. Une proximité des plus inquiétantes alors que l’agglomération a été bombardée pour la première fois depuis quatre ans, visant notamment la cité universitaire où quatre civils ont trouvé la mort selon l’agence officielle Sana.
Cette poussée jihadiste marque une nette escalade dans le conflit qui oppose le régime de Bachar al-Assad aux rebelles et groupes extrémistes dans le nord-ouest syrien. La province d’Idleb, dernier grand bastion insurgé, jouxte en effet celle d’Alep contrôlée en grande partie par Damas. Il s’agit des affrontements les plus meurtriers depuis 2020 dans cette région.
Un bilan humain très lourd
Selon l’OSDH, les combats auraient fait au moins 242 morts depuis mercredi, date du lancement de l’offensive :
- La grande majorité des victimes sont des combattants
- 24 civils ont été tués, dont 19 dans des frappes de l’aviation russe, alliée du régime, sur les zones rebelles
Au-delà des pertes humaines, cette brutale offensive a provoqué le déplacement de plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, d’après le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Les jihadistes et leurs alliés sont même parvenus jeudi à couper la route vitale reliant la capitale Damas à Alep, accentuant la pression sur la ville.
Un pays déchiré par une décennie de guerre
Ces développements rappellent cruellement que malgré la reprise de contrôle par le régime syrien d’une grande partie du territoire, avec l’appui crucial de la Russie et de l’Iran, le conflit est loin d’être terminé. Depuis son déclenchement en 2011, cette guerre dévastatrice a fait :
- Plus d’un demi-million de morts
- Des millions de déplacés et de réfugiés
Face à l’aggravation de la situation humanitaire dans le nord-ouest, la communauté internationale reste largement impuissante. Les civils syriens continuent de payer le plus lourd tribut de ce conflit qui semble sans fin, pris en étau entre un régime autoritaire et des groupes jihadistes déterminés à imposer leur loi. Avec cette nouvelle escalade aux portes d’Alep, c’est la stabilité déjà précaire de toute une région qui est une nouvelle fois menacée.
Une source proche des autorités a rapporté que le régime syrien et son allié russe avaient intensifié leurs frappes aériennes sur les positions jihadistes dans l’espoir de stopper leur progression. Une contre-offensive terrestre serait également en préparation pour sécuriser les abords d’Alep et repousser les assaillants.
Mais au-delà de ces considérations militaires, c’est bien la population civile qui se retrouve une fois de plus prise au piège et exposée aux violences, dans une zone où les infrastructures et les services de base ont déjà été durement affectés par des années de combats. L’accès humanitaire, déjà compliqué, risque de devenir encore plus difficile si les affrontements se poursuivent, privant les personnes vulnérables de l’assistance vitale dont elles ont besoin.
Cette nouvelle escalade constitue un sérieux revers pour les efforts diplomatiques visant à instaurer un cessez-le-feu durable et à relancer le processus politique. Elle démontre que malgré la lassitude de la guerre, les différentes parties restent campées sur leurs positions, rendant toute perspective de paix plus lointaine que jamais.
La Syrie se retrouve ainsi une nouvelle fois à la croisée des chemins, tiraillée entre les ambitions hégémoniques du régime, les visées expansionnistes des groupes jihadistes et les intérêts divergents des puissances étrangères impliquées. Tant que ces dynamiques conflictuelles persisteront, la population syrienne continuera de subir les conséquences dramatiques d’une guerre qui a déjà trop duré.
Face à cette situation, la communauté internationale se doit de redoubler d’efforts pour promouvoir une solution politique inclusive, seule à même de ramener une paix durable dans ce pays meurtri. Cela passe par un soutien accru aux initiatives de médiation, une pression renouvelée sur les parties pour qu’elles s’engagent dans un dialogue constructif et un appui renforcé à l’action humanitaire pour soulager les souffrances des civils.
Car au-delà des considérations géostratégiques, c’est bien le sort de millions de Syriens ordinaires qui est en jeu, leur droit à vivre dans la dignité et la sécurité, à reconstruire leur pays et à imaginer un avenir meilleur pour leurs enfants. C’est cet impératif humain qui devrait guider l’action de tous les acteurs, locaux comme internationaux, pour enfin sortir la Syrie du cycle infernal de la violence.