Dans un discours très attendu, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a déclaré ce jeudi que « toutes les raisons sont réunies » pour une réduction des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) lors de sa prochaine réunion le 12 décembre. Une annonce qui ne manquera pas d’avoir des répercussions importantes sur l’économie européenne.
Un contexte économique favorable à une baisse des taux
Selon François Villeroy de Galhau, le contexte actuel plaide en faveur d’un assouplissement de la politique monétaire de la BCE :
- L’inflation devrait se stabiliser durablement autour de l’objectif de 2%
- Les perspectives de croissance restent limitées en Europe
- Les taux directeurs actuels (à 3,25%) laissent une marge de manœuvre importante
Le gouverneur de la Banque de France n’exclut d’ailleurs pas d’aller encore plus loin à l’avenir si la croissance devait rester atone. Une prudence de mise face aux incertitudes.
Quelle ampleur pour la baisse des taux ?
Si une baisse semble acquise, son ampleur exacte reste à déterminer. Comme l’a souligné François Villeroy de Galhau :
L’optionalité devrait rester ouverte en ce qui concerne l’ampleur de la réduction, en fonction des données disponibles, des projections économiques et de notre évaluation du risque.
D’après les anticipations des marchés et les projections des économistes, la baisse pourrait être de l’ordre de 0,25 à 0,5 point. De quoi donner un peu d’air à l’économie européenne sans pour autant relâcher totalement la vigilance sur l’inflation.
Vers un retour à une politique monétaire neutre ?
Si la BCE réduit ses taux à 2,75% ou 3% comme attendu, elle se rapprocherait d’un niveau considéré comme neutre pour l’économie, c’est-à-dire ni accommodant, ni restrictif. Le fameux taux d’intérêt « naturel » que les banquiers centraux essaient d’atteindre.
Cela marquerait un tournant après une série de hausses de taux destinées à juguler l’inflation. Un retour à la normale en quelque sorte, même si la prudence reste de mise dans un environnement économique toujours incertain et volatil.
Les conséquences attendues d’une baisse des taux
Si la BCE concrétise les attentes du marché en réduisant ses taux comme annoncé, cela aura des répercussions concrètes sur l’économie européenne :
- Crédit moins cher pour les ménages et les entreprises, ce qui soutiendrait la consommation et l’investissement
- Moindre attrait pour l’euro, ce qui favoriserait les exportations européennes mais renchérirait les importations
- Soulagement pour les États très endettés comme l’Italie, dont les charges d’intérêts diminueraient
- Mais aussi risque de créer des bulles spéculatives si les taux restent trop bas trop longtemps
Autant de paramètres que les décideurs de la BCE devront prendre en compte pour trouver le bon équilibre. L’enjeu : soutenir l’économie sans compromettre la stabilité financière ni raviver l’inflation.
Une décision très attendue par les marchés
Sans surprise, les marchés financiers scruteront de très près la décision de la BCE le 12 décembre et ses conséquences :
- Les Bourses européennes pourraient être stimulées par la perspective d’un soutien monétaire accru
- Les taux des emprunts d’État devraient poursuivre leur détente, soulageant les finances publiques
- L’euro pourrait s’affaiblir face au dollar et aux autres grandes devises
Mais tout dépendra de l’ampleur du geste de la BCE et des perspectives qu’elle donnera pour la suite. Les investisseurs espèrent un engagement clair à poursuivre le soutien monétaire aussi longtemps que nécessaire. Tout en restant crédible sur le contrôle de l’inflation à moyen terme.
L’équation délicate des banquiers centraux
Au final, la probable baisse des taux annoncée illustre bien le difficile exercice d’équilibriste auquel sont confrontés les banquiers centraux aujourd’hui. Dans un monde de plus en plus complexe et incertain, trouver le bon dosage de politique monétaire relève de la gageure.
Ils doivent à la fois soutenir une économie convalescente, contenir une inflation encore menaçante et assurer la stabilité financière. Le tout en tenant compte des spécificités de chaque pays de la zone euro et de l’interdépendance croissante des économies. Un sacré défi !
Les prochaines décisions et communication de la BCE seront donc plus que jamais scrutées et décortiquées. Avec l’espoir qu’elle parvienne, par sa clairvoyance et sa réactivité, à tracer une route crédible vers une croissance saine et durable pour tous les Européens. L’avenir économique du continent en dépend largement.