Un vent d’espoir souffle sur Bamako. Près de deux mois après les attaques dévastatrices qui ont endeuillé la capitale malienne, faisant plus de 70 morts, les forces de sécurité viennent de frapper un grand coup. Dans un communiqué publié ce jeudi, l’armée a annoncé l’interpellation de six individus soupçonnés d’appartenir au réseau terroriste responsable de ce bain de sang.
Des arrestations capitales
Selon une source proche de l’enquête, ces arrestations, survenues les 17 et 18 novembre, sont le fruit d’un minutieux travail de renseignement. Les suspects appréhendés auraient joué un rôle clé dans la préparation et l’exécution des attentats, en facilitant l’arrivée et l’installation des commandos, en menant des missions de repérage des cibles et en fournissant un appui logistique aux groupes armés.
Pour les enquêteurs, ces interpellations représentent une avancée majeure. Elles pourraient permettre de démanteler une partie du réseau jihadiste qui gangrène le pays et de prévenir de nouvelles attaques. Mais la prudence reste de mise, tant la menace demeure élevée.
Bamako, cible vulnérable
Le 17 septembre dernier, Bamako s’est réveillée sous le choc. Des attaques simultanées, d’une ampleur inédite depuis des années, ont frappé l’aéroport militaire et le centre d’entraînement des gendarmes. Bilan : plus de 70 morts et des dizaines de blessés. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a revendiqué ce carnage, affirmant avoir infligé de lourdes pertes aux forces maliennes et à leurs alliés russes du groupe Wagner.
Si les régions du nord et du centre du Mali sont en proie à des violences quasi quotidiennes, la capitale avait été relativement épargnée ces dernières années. Les attaques de septembre ont brutalement rappelé sa vulnérabilité et l’urgence de renforcer sa sécurité.
Un pays en crise
Confronté au fléau du jihadisme, le Mali traverse une profonde crise multidimensionnelle. Depuis les coups d’État d’août 2020 et de mai 2021, une junte militaire dirigée par le général Assimi Goïta a pris les rênes du pays. Mais loin de stabiliser la situation, ce régime a plutôt accentué les tensions.
Rupture brutale avec la France et ses alliés européens, rapprochement avec la Russie, sortie du pays de la mission de l’ONU (Minusma), dénonciation des accords de paix avec les groupes indépendantistes du nord… Les décisions controversées se sont multipliées, isolant chaque jour davantage le Mali sur la scène internationale.
Quel avenir pour le Mali ?
Dans ce contexte chaotique, les récentes arrestations apportent une lueur d’espoir. Elles prouvent que malgré les innombrables défis, les forces de sécurité maliennes poursuivent leur combat acharné contre le terrorisme. Mais il faudra bien plus que quelques coups de filet pour venir à bout de l’hydre jihadiste.
Pour sortir de l’ornière, le Mali devra s’attaquer aux racines profondes du mal : pauvreté endémique, faillite de l’Etat, tensions communautaires, trafics en tous genres… Autant de défis titanesques qui nécessiteront une mobilisation de tous les instants et un soutien accru de la communauté internationale. Faute de quoi, le pays risque de sombrer chaque jour davantage dans le chaos.
L’espoir au bout du tunnel ?
Malgré la noirceur ambiante, des raisons d’espérer subsistent. La résilience du peuple malien, sa soif de paix et de stabilité, sa créativité pour s’adapter aux pires épreuves forcent l’admiration. Aux quatre coins du pays, des initiatives citoyennes se multiplient pour prôner le dialogue, panser les plaies et construire un avenir meilleur.
Les arrestations de Bamako en sont le parfait exemple. Elles prouvent qu’avec de la détermination, du renseignement et des moyens adaptés, des victoires sont possibles contre les forces du mal. A condition que ces succès ne restent pas isolés et s’inscrivent dans une stratégie globale et de long terme. Le chemin sera long et semé d’embûches. Mais pour le Mali, c’est une question de survie.
