Alors que le rouble plonge à son plus bas niveau face au dollar et à l’euro depuis mars 2022, le président russe Vladimir Poutine tente de rassurer en affirmant qu’il n’y a « aucune raison de paniquer » et que la situation est « sous contrôle ». Mais la chute brutale de la devise russe ces derniers jours soulève de nombreuses inquiétudes quant à l’état réel de l’économie du pays.
Le rouble en chute libre face aux devises étrangères
Mercredi, le rouble a franchi le seuil symbolique des 110 roubles pour un dollar, un niveau qu’on n’avait plus vu depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en mars dernier. Face à l’euro, la dégringolade est similaire, avec un taux de change dépassant les 115 roubles pour un euro. Une situation qui fait ressurgir le spectre des sanctions économiques massives imposées par les pays occidentaux il y a 8 mois.
Cette volatilité extrême du rouble, déjà observée ces trois dernières années, s’est accentuée récemment sur fond de regain de tensions entre la Russie et les pays occidentaux autour du conflit ukrainien. De nouvelles sanctions américaines ciblant le secteur financier russe semblent avoir précipité ce décrochage brutal.
Poutine se veut rassurant malgré les inquiétudes
Face à cette situation préoccupante, Vladimir Poutine a tenté de rassurer, déclarant lors d’une conférence de presse qu’il n’y avait « aucune raison de paniquer » et que de nombreux facteurs saisonniers expliquaient cet affaiblissement du rouble :
De nombreux facteurs saisonniers tels que les versements au budget et les prix (mondiaux) du pétrole, en plus de l’inflation élevée, sont la cause de l’affaiblissement prononcé du rouble.
Vladimir Poutine
Malgré ces propos se voulant apaisants, les interrogations demeurent sur la capacité de l’économie russe à encaisser ce nouveau choc. L’inflation reste un problème majeur, atteignant encore 8,5% en octobre. Et les autorités russes anticipent déjà un ralentissement de l’activité économique en 2023, faisant craindre l’apparition d’un cycle de stagflation.
La banque centrale russe prend des mesures d’urgence
Pour tenter d’enrayer la chute de sa monnaie, la banque centrale de Russie a annoncé dans l’urgence plusieurs mesures :
- Relèvement de son taux directeur à 21%, son plus haut niveau depuis 2003, pour juguler l’inflation galopante
- Arrêt total des achats de devises étrangères sur le marché intérieur des changes jusqu’à fin 2024
Des décisions fortes qui témoignent de l’inquiétude des autorités monétaires face à la dégringolade du rouble. Mais suffiront-elles à rassurer des investisseurs de plus en plus frileux face aux incertitudes géopolitiques entourant la Russie ?
Un avenir économique incertain pour la Russie
Si Vladimir Poutine se veut confiant, affirmant que la « situation est sous contrôle », les signaux actuels sont loin d’être rassurants pour l’économie russe. Entre inflation persistante, ralentissement anticipé de la croissance, sanctions internationales et instabilité géopolitique, les défis sont nombreux.
La chute brutale du rouble n’est qu’un symptôme parmi d’autres des difficultés auxquelles fait face le pays. Si les mesures d’urgence de la banque centrale permettent de limiter temporairement les dégâts, elles ne règlent pas les problèmes structurels. L’avenir économique de la Russie apparaît plus incertain que jamais, suspendu à l’évolution de la situation en Ukraine et aux relations toujours plus tendues avec les pays occidentaux.
Une chose est sûre : malgré les paroles rassurantes de Vladimir Poutine, les prochains mois s’annoncent périlleux pour l’économie russe. La chute du rouble n’est peut-être que le début d’une longue série de turbulences à venir.