Alors que le Liban est plongé dans une profonde crise politique depuis plus de deux ans, avec un poste de président vacant depuis octobre 2022, le Parlement libanais vient de prendre des décisions majeures qui pourraient enfin permettre au pays de tourner la page. Les députés ont annoncé jeudi la prolongation d’un an du mandat du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, et prévoient de se réunir le 9 janvier prochain pour élire un nouveau chef de l’État.
Une avancée significative alors que les divergences entre le puissant Hezbollah pro-iranien et ses adversaires bloquaient jusque-là toute possibilité d’accord sur un candidat à la présidence, aucun des deux camps ne disposant de la majorité au Parlement. Mais le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a promis récemment dans un discours « une contribution efficace » de son mouvement à l’élection présidentielle, laissant entrevoir un possible déblocage.
Un timing crucial après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu
Le timing de ces décisions n’est pas anodin. Elles interviennent au lendemain de l’entrée en vigueur d’un important cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Un accord en vertu duquel l’armée libanaise doit se déployer le long de la frontière avec Israël. Dans ce contexte, la prolongation du mandat du général Joseph Aoun apparaît comme un signal fort pour assurer la stabilité du pays.
Selon une source proche du dossier, le Premier ministre Najib Mikati a exprimé l’espoir que cet accord de cessez-le-feu ouvre « une nouvelle page » dans l’histoire du Liban. Il a appelé à accélérer l’élection d’un nouveau président, un appel relayé par le président du Parlement Nabih Berri. Ce dernier, qui préside aussi l’influent mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah, a souligné que le futur chef de l’État devrait être une figure rassembleuse et non clivante, alors que la récente guerre a encore accentué les divisions entre les Libanais.
Une présidence soumise au système confessionnel
Le Liban est régi par un système politique confessionnel qui répartit les postes clés selon les communautés religieuses :
- La présidence de la République est réservée à un chrétien maronite
- Le poste de Premier ministre revient à un musulman sunnite
- La présidence du Parlement échoit à un musulman chiite
Un équilibre fragile qui complique souvent les processus politiques et conduit régulièrement le pays dans l’impasse. La dernière élection présidentielle remonte à 2016. Depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022, aucun accord n’a pu être trouvé pour lui désigner un successeur.
Une médiation française pour sortir de la crise
Signe de l’importance de ce dossier, la France, qui entretient des liens historiques forts avec le Liban, a dépêché sur place son envoyé spécial Jean-Yves Le Drian. Arrivé mercredi soir à Beyrouth, il devait s’entretenir avec les principaux responsables libanais pour « relancer le sujet de la présidentielle » mais aussi évoquer « le besoin de réformes pour un redressement durable du pays », selon une source diplomatique française.
Reste à voir si ces efforts diplomatiques et les récentes décisions du Parlement suffiront à sortir le Liban de l’ornière. Outre la crise politique, le pays est englué dans une profonde crise économique et peine à se remettre des dégâts causés par la récente guerre et l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth en 2020. Des défis immenses qui nécessiteront l’implication de toutes les forces politiques du pays. L’élection d’un nouveau président apparaît à ce titre comme un premier pas indispensable.