Dans un revirement stratégique inattendu, la Grèce a décidé de ne pas exercer son option d’achat pour 6 avions de combat Rafale supplémentaires auprès de la France. Pourtant, les deux pays avaient noué un « partenariat stratégique » en 2020, qui avait débouché sur une commande initiale de 24 Rafale par Athènes.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a justifié cette décision lors d’une interview télévisée :
À l’heure actuelle, nous n’avons aucune intention d’acquérir six Rafale de plus. Nous en avons 24, nous pensons que c’est tout à fait suffisant.
Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre grec
Un virage vers les F-35 américains
Si la Grèce renonce aux Rafale, c’est qu’elle mise désormais sur un autre appareil : le F-35 américain. Athènes a en effet passé commande de 20 exemplaires de cet avion furtif de cinquième génération, qui devraient tous être livrés « avant 2030 » selon le dirigeant grec.
Ce choix reflète la volonté de la Grèce de diversifier ses fournisseurs et de renforcer ses liens avec les États-Unis, tout en acquérant un avion technologiquement plus avancé que le Rafale. Mais il ne remet pas en cause la coopération militaire franco-grecque.
Un partenariat qui reste solide
Outre les 24 Rafale, la Grèce a aussi commandé à la France 3 frégates de défense et d’intervention (FDI), aussi appelées Belharra. Un contrat à plus de 5 milliards d’euros au total.
Ces bâtiments seront tous livrés d’ici fin 2026 selon Mitsotakis, qui a par ailleurs révélé que son pays négociait l’acquisition d’une quatrième frégate, une option prévue dans le contrat initial.
Le « partenariat stratégique » entre Paris et Athènes, qui comporte une clause d’assistance mutuelle, avait été noué en 2020 sur fond de tensions avec la Turquie en Méditerranée orientale. Il reste un pilier de la politique de défense grecque.
Une armée grecque en pleine mutation
Avec 3% de son PIB consacré à la défense, la Grèce est l’un des pays de l’OTAN qui investit le plus dans ses forces armées. Et elle vient d’annoncer une réforme d’ampleur, présentée comme la plus importante de son histoire.
Le ministre grec de la Défense, Nikos Dendias, a expliqué qu’il s’agissait d’adapter l’outil militaire grec aux réalités du XXIe siècle, en tirant les leçons de la guerre en Ukraine. L’accent sera mis sur :
- Les systèmes de drones
- Le renforcement des capacités de cyberguerre
- La modernisation rapide des équipements
Cette refonte vise à permettre à la Grèce de faire face aux défis sécuritaires actuels, au premier rang desquels figurent les tensions récurrentes avec la Turquie voisine. L’achat de Rafale et de F-35 s’inscrit dans cette logique.
Même si elle renonce pour l’instant à acquérir plus de Rafale, la Grèce n’en reste pas moins un partenaire clé pour l’industrie de défense française. Les frégates Belharra en seront un symbole fort dans les années à venir. Et la clause d’assistance mutuelle que contient le « partenariat stratégique » franco-grec pourrait encore être activée en cas de besoin.