Les relations entre l’Allemagne et la Russie traversent une zone de turbulences suite à l’expulsion par Moscou de deux journalistes de la chaîne publique allemande ARD. Berlin a vivement réagi en convoquant l’ambassadeur russe, dénonçant une mesure totalement « inacceptable » et « mensongère ».
L’Allemagne Dénonce une Atteinte à la Liberté de la Presse
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock n’a pas mâché ses mots pour condamner l’expulsion des reporters d’ARD, estimant que les raisons invoquées par le Kremlin étaient « tout simplement fausses ». Pour Berlin, il s’agit clairement d’une attaque contre la liberté de la presse, un droit fondamental en Europe.
Il est tout simplement faux (de dire) que nous avons en Allemagne ou en Europe une restriction de la liberté de la presse.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères
Moscou a justifié cette expulsion en représailles à la fermeture annoncée par Pervy Kanal de son bureau allemand sur ordre de Berlin, une version catégoriquement démentie par le gouvernement allemand. Selon une porte-parole, ce sont les autorités locales qui ont refusé la prolongation des permis de séjour de deux journalistes russes, une décision dont ils peuvent faire appel dans un État de droit.
Une Chaîne Russe Soumise à des Sanctions Européennes
Pervy Kanal, qui signifie « Première Chaîne » en russe, est l’un des médias les plus virulents dans sa défense du conflit déclenché par le Kremlin en Ukraine en février 2022. La chaîne est d’ailleurs soumise à des sanctions de l’UE depuis décembre de la même année, incluant une interdiction de diffusion en Europe.
Un Nouveau Chapitre dans les Tensions Est-Ouest
Cet incident n’est pas le premier du genre dans les relations de plus en plus tendues entre la Russie et les pays occidentaux. En février 2022, juste avant son assaut contre l’Ukraine, Moscou avait déjà fermé la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle en riposte à l’interdiction de diffusion faite à la chaîne russe RT, largement considérée en Europe comme un organe de désinformation et de propagande du Kremlin.
Cette nouvelle querelle germano-russe s’inscrit également dans un contexte de crispation croissante entre Moscou et Londres, après le renvoi récent d’un diplomate britannique accusé d’espionnage par la Russie, une mesure « totalement injustifiée » aux yeux du Royaume-Uni.
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit et que les relations entre l’Occident et la Russie n’ont jamais été aussi glaciales depuis la Guerre Froide, ce nouvel épisode confirme que la confrontation entre les deux blocs est loin d’être terminée. Dans ce bras de fer diplomatique et médiatique, chaque camp semble déterminé à défendre ses positions, quitte à franchir de nouveaux paliers dans l’escalade.
Une chose est sûre : dans cette guerre de l’information et de la communication, la liberté de la presse apparaît plus que jamais comme un enjeu majeur et un baromètre des tensions internationales. Reste à savoir jusqu’où ira cette dangereuse partie d’échecs entre des puissances qui semblent avoir de plus en plus de mal à se parler et à s’écouter.