C’est une petite révolution qui s’opère actuellement dans le Top 14. Depuis le début de la saison, les joueurs sont tenus de porter un protège-dents connecté lors des matchs. Si cette nouvelle réglementation suscite quelques grincements de dents, elle est avant tout motivée par un enjeu de santé majeur : mieux protéger les joueurs des commotions cérébrales et des blessures à la tête.
Un équipement pas toujours confortable mais jugé nécessaire
Les protège-dents connectés sont certes moins confortables que les modèles classiques. Plus épais et moins souples en raison de la puce électronique qu’ils contiennent, ils nécessitent un temps d’adaptation. « C’est sûr qu’ils sont moins agréables à porter », reconnaît Benjamin Urdapilleta, ouvreur de Clermont. « Mais à force de les mettre à l’entraînement et en match, on s’habitue. Et si ça peut permettre de mieux nous protéger, ça vaut le coup », ajoute-t-il.
Des données précieuses collectées
L’intérêt de ces protège-dents nouvelle génération ? Ils sont équipés de capteurs qui enregistrent en temps réel des données sur les chocs subis par les joueurs au niveau de la tête et de la mâchoire. Des informations précieuses qui sont ensuite analysées pour mieux comprendre les mécanismes des commotions et adapter les protocoles de retour au jeu.
Si vraiment cela permet de collecter des données qui aideront à diminuer les conséquences des chocs à la tête, c’est important de l’utiliser. Il y a une vie après le rugby, et tout ce qui peut servir à protéger la santé des joueurs doit être essayé.
Benjamin Urdapilleta, ouvreur de Clermont
Un outil de prévention prometteur
Au-delà de l’inconfort initial, la plupart des acteurs du rugby professionnel voient d’un bon œil l’arrivée de ces protège-dents connectés. Pour les médecins et les scientifiques, c’est l’occasion de mieux comprendre l’impact des chocs et d’affiner les stratégies de prévention. Pour les entraîneurs, c’est un moyen supplémentaire de veiller sur la santé de leurs joueurs.
Quant aux joueurs eux-mêmes, beaucoup ont conscience qu’il en va de leur intégrité physique sur le long terme. « Évidemment, ça ne va pas tout résoudre. Mais si ça peut contribuer à ce qu’on ait tous une meilleure qualité de vie après notre carrière, c’est un mal pour un bien », résume un international français sous couvert d’anonymat.
Vers une généralisation à tous les niveaux ?
Si le protège-dents connecté n’est pour l’instant obligatoire qu’en Top 14, on peut gager qu’il se démocratisera rapidement aux autres échelons. World Rugby, l’instance dirigeante du rugby mondial, suit l’expérience de très près et pourrait imposer cet équipement plus largement. La Pro D2 devrait emboîter le pas dès la saison prochaine.
Malgré les réticences initiales, ce nouvel outil technologique apparaît donc comme une avancée prometteuse pour le rugby de haut niveau. S’il ne réglera pas à lui seul l’épineux problème des commotions cérébrales, il ouvre la voie à des protocoles de prévention et de soins plus fins et plus efficaces. Un progrès indispensable pour que les rugbymen d’aujourd’hui ne paient pas trop lourd tribut demain.