Au cœur de l’Azerbaïdjan, le Karabagh FC n’est pas un club de football comme les autres. Son histoire et son identité sont intimement liées à un territoire au centre d’un conflit politique : le Haut-Karabagh. Reconquis par l’Azerbaïdjan l’an dernier, cet enjeu géopolitique se retrouve jusque sur les pelouses des stades européens où évolue désormais le club basé à Bakou.
Le Karabagh FC, emblème d’un territoire disputé
Fondé en 1950, le Karabagh FC tire son nom de la région du Haut-Karabagh, territoire à majorité arménienne qui a fait l’objet d’une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans les années 90. Contraint de quitter sa ville d’origine Agdam devenue une cité fantôme, le club s’est installé dans la capitale Bakou où il est devenu au fil des ans le porte-étendard des revendications azerbaïdjanaises sur ce territoire disputé.
Un entraîneur emblématique
Depuis 2008, l’équipe est dirigée d’une main de maître par Gourban Gourbanov, ancienne gloire du football azerbaïdjanais. Meilleur buteur de l’histoire de la sélection nationale, il n’hésite pas à mettre en avant la dimension politique de son club. Lors d’une conférence de presse en 2021 avant un match européen, il avait ainsi débuté son intervention par un vibrant plaidoyer appelant à la solidarité des joueurs avec les combattants engagés pour la reconquête du Haut-Karabagh.
2020 : le Karabagh revient à l’Azerbaïdjan
Un an plus tard, son vœu était exaucé. Au terme d’une offensive militaire éclair, l’Azerbaïdjan a repris le contrôle total de la région, poussant les populations arméniennes à l’exode. Dans la foulée, le Karabagh FC a pu fouler à nouveau la pelouse du stade d’Agdam à l’occasion d’un match de coupe nationale, sous le regard du président Aliev venu pour l’occasion inaugurer l’enceinte rénovée et pavoisée d’un immense slogan : « Le Karabagh est azerbaïdjanais. »
Quand on vient ici, on signe dans un club spécial. En arrivant, le coach nous explique l’histoire de cette équipe.
Yassine Benzia, milieu de Karabagh
Le quotidien des joueurs français à Bakou
Si cet ancrage politique est une évidence pour tous, il n’impacte guère le quotidien des joueurs, à commencer par les deux Français de l’effectif, Yassine Benzia et Abdellah Zoubir. « C’est un pays qui aime le foot, beaucoup de gens m’arrêtent dans la rue, témoigne ce dernier. Je ne ressens aucune tension, je n’ai jamais eu de remarque déplacée. » Seule conséquence des tensions diplomatiques entre la France et l’Azerbaïdjan : la fermeture de l’école française où étaient scolarisés leurs enfants.
L’ambition européenne malgré tout
Au-delà de son histoire si particulière, le Karabagh FC poursuit son développement avec une obsession : briller sur la scène européenne. « Ici, c’est le projet Coupe d’Europe », explique Zoubir, qui dispute sa 11ème campagne continentale avec le club. Un défi de taille pour cette équipe qui porte sur ses épaules le poids d’un territoire et de tout un peuple, bien décidé à faire entendre sa voix par le biais du ballon rond.
En bref
- Le Karabagh FC est basé à Bakou mais originaire du Haut-Karabagh, territoire disputé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie
- Le club est devenu le symbole des revendications azerbaïdjanaises sur la région, reconquise militairement en 2020
- Malgré ce contexte politique pesant, les joueurs français du Karabagh témoignent d’un quotidien apaisé à Bakou
- La grande ambition du club reste de briller en Coupe d’Europe, avec déjà 11 participations à son actif