Alors que les élections municipales de 2026 se profilent à l’horizon, tous les regards se tournent vers Bordeaux et son maire écologiste atypique, Pierre Hurmic. Élu à la surprise générale en 2020, mettant fin à près de trois quarts de siècle de domination de la droite, il entend bien confirmer son ancrage et faire de la capitale girondine un modèle de ville écologique. Mais la partie s’annonce serrée face à une opposition qui fourbît déjà ses armes.
Une stratégie politique en équilibre
Depuis son arrivée au pouvoir, Pierre Hurmic s’efforce de transformer Bordeaux sans verser dans les excès ni le dogmatisme. Une approche mesurée qui lui vaut des critiques des deux bords de l’échiquier politique. Mais loin de le desservir, cette position médiane pourrait bien être la clé de sa réélection.
D’un côté, le maire n’hésite pas à tendre des perches à la droite, comme en témoigne sa récente décision de reconduire la célèbre Fête du Vin, chère aux viticulteurs et au secteur du tourisme. De l’autre, il maintient le cap sur ses engagements écologistes, avec des projets ambitieux de végétalisation et de réduction de la place de la voiture en ville.
Pierre Hurmic joue un jeu d’équilibriste habile. Il sait qu’il doit rassurer les forces économiques locales tout en gardant une ligne clairement écologiste pour conserver sa base électorale.
Une source proche de la mairie
Le spectre d’une liste NPA-LFI
Mais cette stratégie du « en même temps » n’est pas sans risque. Le principal danger pour Pierre Hurmic viendrait ainsi de sa gauche, avec l’éventuelle constitution d’une liste rassemblant le NPA et La France Insoumise. Un tel attelage pourrait siphonner une partie de son électorat en défendant une écologie plus radicale et sociale.
Face à ce péril, le maire peut toutefois compter sur la division de ses opposants. Car si les Insoumis rêvent d’une grande coalition de gauche, leurs appels du pied en direction du PS et du PCF sont pour l’instant restés lettre morte. Pierre Hurmic conserve par ailleurs des soutiens solides au sein de la Nupes, notamment chez EELV et Génération.s.
Pas question d’alliance avec LFI
Mais pas question pour autant de se laisser déborder sur sa gauche. Selon nos informations, Pierre Hurmic aurait ainsi confié à ses proches son refus catégorique de toute alliance avec LFI. « Il a dit à François Hollande : ‘Jamais avec LFI' », rapporte un de ses lieutenants sous couvert d’anonymat. Le message est clair : si alliance de gauche il doit y avoir, ce sera sans les Insoumis.
Un positionnement qui l’expose à des attaques de « social-traîtrise » mais qui pourrait s’avérer payant, tant LFI suscite la défiance d’une large partie de l’électorat. D’après un sondage récent, 54% des Bordelais ne souhaitent pas voir les Insoumis entrer à la mairie, y compris dans le cadre d’une coalition plus large.
La carte de la popularité
Face à ces incertitudes, Pierre Hurmic garde un atout maître : sa cote de popularité. Selon une enquête publiée le mois dernier, 61% des Bordelais se disent satisfaits de son action à la mairie. Un niveau très élevé à mi-mandat, d’autant que son prédécesseur Nicolas Florian plafonnait à 54% au même stade.
Le maire peut notamment se prévaloir de plusieurs mesures emblématiques, comme la piétonnisation des quais ou la création de nouvelles pistes cyclables et lignes de bus express. Autant de réalisations concrètes qui incarnent le tournant écologique promis en 2020 et contribuent à verdir son image.
Reste à transformer l’essai en 2026. Si Pierre Hurmic parvient à contenir les appétits à sa gauche tout en conservant sa dynamique, il a de bonnes chances d’être reconduit par les Bordelais. Et ainsi d’inscrire durablement l’écologie comme une force politique majeure dans la capitale girondine.
