Scandale à Nantes ! En prévision du passage de la flamme olympique début juin, les autorités ont prévu d’interdire les sorties des patients hospitalisés en psychiatrie pendant près d’une semaine. Une décision qui suscite une vive indignation chez les professionnels de santé et les défenseurs des droits des malades.
La sécurité de la flamme avant tout ?
Selon des informations révélées par le média Médiacités, la préfecture de Loire-Atlantique s’apprête à suspendre les autorisations de sortie des patients en soins psychiatriques sur décision d’un représentant de l’État (SDRE) du 1er au 6 juin, période du passage de la flamme olympique dans le département.
Il faut nous attendre à avoir des refus plus importants de la part de la préfecture.
Un chef du service psychiatrie du CHU de Nantes
Les patients SDRE, considérés comme potentiellement dangereux, devront ainsi rester enfermés pendant toute cette période. Une mesure jugée totalement disproportionnée et stigmatisante par beaucoup.
« On est à la limite de l’abus de pouvoir »
Cette décision a provoqué la colère des soignants qui dénoncent une ingérence inacceptable de l’État dans les décisions médicales et une atteinte aux droits des patients :
Il est parfaitement inacceptable que les services de l’État s’immiscent dans des décisions de soin et que nos patients soient traités sous le seul impératif du maintien de l’ordre. Il n’est pas certain que cela soit dans l’esprit des Jeux olympiques !
Un infirmier du service psychiatrie du CHU
Les syndicats dénoncent un véritable « abus de pouvoir » de la part du préfet et une stigmatisation scandaleuse des malades mentaux, soupçonnés d’être des fauteurs de troubles en puissance.
Des « mesures liberticides » dénoncées
De leur côté, les associations de défense des droits des malades s’insurgent contre ces « mesures liberticides » et appellent les autorités à cesser de faire des amalgames dangereux :
Les préfets et le ministère de l’Intérieur feraient mieux de cesser de stigmatiser les malades mentaux en faisant de ces patients des personnes dangereuses et susceptibles de passages à l’acte violent.
Pascal Mariotti, président de l’Association des établissements du service public de santé mentale
Contactées, la préfecture et l’Agence régionale de santé n’ont pas souhaité commenter cette polémique. Mais l’ARS assure qu’il « ne peut en aucun cas y avoir d’interdiction générale et absolue de sortie » et que les demandes restent étudiées au cas par cas.
Quel impact pour les patients ?
Reste que sur le terrain, cette consigne aura des répercussions bien concrètes pour les malades. Privés de perspective de sortie pendant près d’une semaine, certains risquent de voir leur état se dégrader :
- Sentiment d’enfermement et d’isolement renforcé
- Anxiété et frustration accrues
- Dégradation potentielle de l’alliance thérapeutique
- Incompréhension face à une mesure vécue comme punitive
Au delà de l’aspect médical, c’est un véritable enjeu éthique et de société qui se pose. Jusqu’où peut-on restreindre les libertés individuelles au nom de la sécurité d’un événement, même international ? Les malades mentaux doivent-ils être invisibilisés, mis à l’écart de l’espace public ?
Un précédent inquiétant
Au-delà du cas de Nantes, cette affaire fait craindre que ce type de mesures sécuritaires disproportionnées se multiplient à l’approche des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Les défenseurs des libertés appellent à la vigilance pour éviter toute nouvelle dérive.
En attendant, les patients de Nantes devront prendre leur mal en patience, et se contenter de regarder passer la flamme olympique depuis leur chambre d’hôpital. Un symbole bien amer…