Un vent d’austérité souffle sur le Malawi. Alors que le pays d’Afrique australe est frappé de plein fouet par une terrible sécheresse menaçant de famine près de 6 millions de personnes, le président Lazarus Chakwera a annoncé mercredi une série de mesures budgétaires drastiques. Dans un discours à la nation, il a appelé ses concitoyens à soutenir ces efforts, tout en sollicitant un surcroît d’aide internationale pour juguler la crise alimentaire qui s’aggrave.
Le spectre de la famine plane sur le Malawi
Depuis plusieurs mois, la sécheresse liée au phénomène climatique El Niño ravage les récoltes malawiennes. En mars dernier, l’état de catastrophe naturelle a été déclaré dans 23 des 28 districts du pays. Selon les estimations, 5,7 millions de personnes seraient menacées par la famine. Face à cette situation dramatique, le président Chakwera a remercié la communauté internationale pour son aide mais a souligné que les besoins restaient immenses :
Nous avons encore 1,2 million de personnes touchées qui attendent toujours leur tour pour recevoir de l’aide.
Lazarus Chakwera, Président du Malawi
Un budget sous haute tension
Malgré l’urgence alimentaire, l’important endettement du pays contraint le gouvernement à prendre des mesures d’austérité budgétaire. Dans son allocution, le chef de l’État a appelé la population à soutenir ces « mesures de réduction des dépenses publiques », rendues nécessaires par la situation financière délicate du Malawi, où 70% des habitants vivent dans une extrême pauvreté.
Cette rigueur budgétaire intervient alors que le pays doit aussi faire face à une pénurie d’essence qui paralyse l’activité depuis plusieurs semaines. L’approvisionnement en carburant a été interrompu, faute de réserves suffisantes en devises étrangères pour payer les importations. Cette crise énergétique a provoqué une flambée des coûts de transport, avec des répercussions en cascade sur les prix des biens de première nécessité et de l’alimentation.
Vers un accord avec les Émirats arabes unis pour le carburant ?
Pour tenter de résoudre le problème, le président Chakwera a annoncé vouloir nouer des accords bilatéraux avec d’autres pays afin de sécuriser l’approvisionnement en carburant sur le long terme. Il a notamment évoqué une invitation du président des Émirats arabes unis pour discuter de cette question cruciale. Les détails d’un éventuel accord n’ont pas été précisés, mais cette piste témoigne de la volonté des autorités malawiennes d’explorer toutes les options pour sortir de l’ornière.
Des tensions politiques qui s’ajoutent à la crise
Comme si les difficultés économiques ne suffisaient pas, des incidents de violence politique sont venus dernièrement tendre un peu plus le climat social. Lundi, une manifestation à Lilongwe pour exiger la démission du ministre de l’Énergie a ainsi été dispersée manu militari par des hommes armés de machettes, avant l’intervention de la police anti-émeute.
Sans faire directement référence à ces événements, le président Chakwera a condamné ces violences dans son discours, mettant en garde contre leurs conséquences délétères pour le pays. Il a appelé les forces de l’ordre à ouvrir des enquêtes et à traduire en justice les responsables, martelant que ces actes ne « mèneront le Malawi nulle part ».
Les défis s’accumulent pour le Malawi
Entre la menace de la famine, la pénurie de carburant qui étouffe l’économie, un budget exsangue et des tensions politiques, les défis sont nombreux pour ce petit pays enclavé, classé parmi les plus pauvres de la planète. L’allocution présidentielle de mercredi illustre la complexité de la situation et l’urgence d’agir sur de multiples fronts.
Si les mesures d’austérité annoncées semblent inévitables vu l’état des finances publiques, elles ne manqueront pas d’être douloureuses pour une population déjà durement éprouvée. L’aide internationale sera plus que jamais décisive pour éviter le pire sur le plan humanitaire et permettre au pays de s’engager sur la voie de la reprise. Les prochains mois s’annoncent déterminants pour l’avenir du Malawi, suspendu aux arbitrages budgétaires du gouvernement et à la solidarité de ses partenaires étrangers.