Une vague d’arrestations a secoué la capitale britannique mercredi matin dans le cadre d’une enquête de grande ampleur menée par la police antiterroriste sur des activités présumées liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Selon une source proche du dossier, sept personnes au total ont été interpellées à l’aube dans différents quartiers de Londres et placées en garde à vue.
Les suspects, quatre hommes et deux femmes âgés de 23 à 62 ans, ont été appréhendés lors d’une opération coordonnée visant à démanteler un réseau soupçonné de soutenir les activités du PKK, une organisation séparatiste kurde considérée comme terroriste par le Royaume-Uni, l’Union européenne et les États-Unis. Une septième personne, un homme de 31 ans, a été arrêtée dans la journée, portant le nombre total d’interpellations à sept.
Une enquête d’envergure sur des activités terroristes présumées
D’après un communiqué de la police londonienne, cette opération est l’aboutissement d’une enquête approfondie sur des individus soupçonnés d’appartenir à la mouvance du PKK et de mener des actions en soutien à ce groupe armé. La commandante de l’unité antiterroriste, Helen Flanagan, a déclaré :
Ces arrestations sont le résultat d’un travail de longue haleine ciblant des activités que nous pensons liées au groupe terroriste PKK. Nous ne tolérerons aucune forme de terrorisme et nous agirons fermement lorsque nous estimerons qu’il existe un risque pour le Royaume-Uni ou ses alliés.
En parallèle des interpellations, huit perquisitions ont été menées dans divers lieux de la capitale, dont le centre communautaire kurde de Haringey. Ce dernier a été temporairement fermé pour permettre aux enquêteurs de mener leurs investigations dans les meilleures conditions.
Tensions au sein de la communauté kurde
L’annonce des arrestations a suscité l’inquiétude et la colère parmi la communauté kurde de Londres. Des rassemblements spontanés se sont formés devant le centre communautaire perquisitionné pour dénoncer ce qui est perçu par certains comme un « acharnement » contre les Kurdes. Quelques heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, entraînant quatre interpellations supplémentaires sans lien direct avec l’enquête principale.
Face aux tensions, la police s’est voulue rassurante, assurant que l’opération visait uniquement à protéger la population, y compris la communauté kurde, contre de potentielles menaces terroristes. « Nous comprenons que ces arrestations ont pu générer des inquiétudes, mais je tiens à souligner que notre action a pour seul but de prévenir tout risque de préjudice envers les citoyens, y compris au sein de la communauté kurde elle-même », a insisté la commandante Flanagan.
Le PKK, une organisation controversée
Fondé en 1978, le Parti des travailleurs du Kurdistan mène depuis des décennies une lutte armée contre le gouvernement turc pour obtenir l’indépendance du Kurdistan. Ses méthodes, qui incluent des attaques contre des cibles civiles et militaires, lui valent d’être considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays.
Malgré plusieurs tentatives de négociations et de cessez-le-feu, le conflit entre le PKK et l’État turc reste l’un des plus longs et des plus meurtriers du Moyen-Orient. Il aurait causé la mort de plus de 40 000 personnes depuis 1984 selon des estimations. Le PKK bénéficie cependant d’un large soutien parmi la population kurde, qui dénonce la répression et les discriminations subies de la part d’Ankara.
Si la présence de sympathisants ou de membres actifs du PKK en Europe est régulièrement pointée du doigt par la Turquie, les arrestations de Londres constituent un événement d’une ampleur rare dans la lutte antiterroriste liée à ce groupe au Royaume-Uni. Elles témoignent de la détermination des autorités britanniques à agir contre toute menace pesant sur la sécurité nationale, quelles que soient ses ramifications internationales.
Les sept individus interpellés mercredi devraient être longuement interrogés par les enquêteurs dans les prochains jours. La police compte sur ces auditions pour en apprendre davantage sur l’étendue et la nature exacte des activités menées au profit du PKK sur le sol britannique, afin de démanteler d’éventuelles cellules dormantes et prévenir de futures actions violentes.