C’est une libération qui fait polémique en Serbie. Goran Vesic, l’ancien ministre de la Construction arrêté après l’effondrement meurtrier d’un avant-toit de la gare de Novi Sad le 1er novembre, vient d’être remis en liberté par un tribunal serbe. Une décision qui intervient sur fond de manifestations dans tout le pays depuis le drame, qui a coûté la vie à 15 personnes quelques semaines seulement après des travaux de rénovation de la gare.
Une enquête en cours, des soupçons de corruption
Selon le communiqué du tribunal de Novi Sad, les preuves présentées par le bureau du procureur ne fournissent actuellement pas « de doute raisonnable que Goran Vesic a commis un crime grave contre la sécurité publique ». L’instruction a donc ordonné sa libération immédiate, tout en précisant que cette décision n’aurait pas d’incidence sur la suite de l’enquête. À ce stade, aucune charge n’a été retenue contre l’ex-ministre, qui avait démissionné après l’accident.
Pour beaucoup de manifestants, ce drame est pourtant bien le résultat de la corruption et d’une surveillance inadéquate des projets de construction en Serbie. Ils réclament le jugement des responsables et exigent la publication des contrats signés avec les entreprises ayant participé aux travaux de rénovation de la gare. Parmi elles, deux sociétés chinoises faisaient partie du consortium choisi, aux côtés d’une société française et d’une hongroise.
Une libération malgré une détention ordonnée
La libération de Goran Vesic est d’autant plus surprenante que le tribunal de Novi Sad avait ordonné samedi le maintien en détention pour 30 jours de dix personnes, dont l’ex-ministre, et l’assignation à résidence de deux autres suspects. Une décision alors applaudie par l’opposition.
Mais l’état de santé de l’ancien ministre s’est dégradé pendant sa détention, nécessitant son hospitalisation mardi. Il aurait entamé une grève de la faim, sans émettre de protestation officielle. Cette détérioration a-t-elle pesé dans la décision de le libérer ? Le tribunal n’en dit rien, invoquant seulement l’insuffisance de preuves à ce stade.
Les manifestations se poursuivent pour réclamer justice
Malgré cette libération, la colère ne retombe pas dans les rues serbes. Les manifestants continuent de réclamer la démission du Premier ministre Milos Vucevic et du maire de Novi Sad. Ils veulent que toute la lumière soit faite sur les responsabilités dans ce drame et que les coupables soient jugés.
Selon une source proche du dossier, l’enquête se concentrerait notamment sur les conditions d’attribution des contrats de rénovation et sur le contrôle des travaux effectués. La transparence est également exigée, avec la publication de tous les documents liés à ce chantier de la gare.
Un drame national, un deuil douloureux
Au-delà des investigations judiciaires, c’est tout un pays qui est en deuil après ce terrible accident. Les 15 victimes de l’effondrement laissent des familles et des proches dévastés. Beaucoup d’interrogations et d’incompréhensions demeurent sur les circonstances exactes du drame.
Des voix s’élèvent aussi pour pointer du doigt l’état général des infrastructures en Serbie et les problèmes de sécurité récurrents sur de nombreux édifices publics. La tragédie de Novi Sad pourrait être le révélateur d’un mal bien plus profond.
Une affaire loin d’être terminée
Si la libération de Goran Vesic constitue un nouveau rebondissement, l’affaire est loin d’être close. L’enquête va se poursuivre pour tenter de déterminer toutes les responsabilités dans ce drame national. Les manifestants, eux, restent mobilisés pour obtenir vérité et justice.
Ce terrible effondrement aura en tout cas fait vaciller la confiance des Serbes dans leurs institutions et leurs dirigeants. Il faudra sans doute une enquête exemplaire et des décisions fortes pour apaiser la colère et restaurer la crédibilité des pouvoirs publics. Le chemin sera long, à la hauteur du traumatisme causé par la mort de 15 innocents.