La Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a annoncé mercredi l’allocation de 50 millions de dollars issus de son fonds d’héritage de la Coupe du monde 2022 au Qatar à des programmes sociaux menés par trois organisations internationales majeures. Cette somme sera partagée entre l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR).
Trois initiatives sociales d’envergure soutenues
En partenariat avec l’OMS, la FIFA soutiendra le programme « Beat the Heat » qui vise à protéger les travailleurs exposés à des chaleurs extrêmes, un phénomène aggravé par le changement climatique. Cette initiative permettra de développer des mesures de prévention et de prise en charge pour les personnes les plus vulnérables face aux vagues de chaleur.
L’OMC bénéficiera également d’une partie des fonds pour son programme dédié aux femmes exportatrices dans l’économie numérique. L’objectif est d’aider les entrepreneures à saisir les opportunités du commerce international et du digital grâce à des subventions et une assistance technique. Un soutien précieux pour favoriser l’autonomisation économique des femmes.
Enfin, le HCR utilisera ces fonds pour apporter une assistance aux réfugiés et personnes déplacées originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Cette aide permettra de financer des projets pour améliorer leurs conditions de vie, faciliter leur intégration et défendre leurs droits fondamentaux.
Des bénéfices records pour financer ces programmes
C’est grâce à des résultats financiers historiques que la FIFA peut se permettre une telle générosité. Dans son rapport annuel 2022, l’instance dirigeante du football mondial avait en effet annoncé un bénéfice brut lié au Mondial qatari de près de 5,8 milliards de dollars.
Si le montant alloué aux programmes sociaux peut sembler important, il ne représente qu’une petite partie de ces profits records. La FIFA a en tout cas tenu à communiquer sur cette initiative pour mettre en avant sa responsabilité sociale et redorer son image.
Amnesty dénonce l’exploitation des travailleurs migrants
Mais cette annonce a suscité l’ire d’Amnesty International qui estime que la FIFA et le Qatar ne peuvent pas se contenter de lancer un fonds d’héritage sans reconnaître leur responsabilité envers les travailleurs migrants exploités, voire décédés, sur les chantiers du Mondial.
Il est honteux que la Fifa et le Qatar aient lancé leur fonds d’héritage tant attendu sans aucune reconnaissance de leur responsabilité évidente envers le grand nombre de travailleurs migrants qui ont été exploités et, dans de nombreux cas, sont morts pour rendre possible la Coupe du monde 2022
Steve Cockburn, responsable droits du travail et sport, Amnesty International
Pour l’ONG, la FIFA doit avant tout offrir des réparations significatives à tous ceux dont les droits ont été violés et bafoués pour son tournoi phare. Un fonds d’héritage ne peut suffire à effacer les souffrances endurées et les vies perdues.
La pression s’accentue sur la FIFA
Alors que l’organisation se félicite de sa générosité, elle fait face à une pression croissante pour assumer ses responsabilités quant aux dérives constatées au Qatar. De nombreuses voix s’élèvent pour demander des comptes et des actions concrètes en faveur des victimes.
Reste à voir si la FIFA saura entendre ces critiques et aller au-delà de la communication pour engager un véritable processus de réparation. L’avenir nous dira si les millions distribués à des causes louables suffiront à restaurer sa crédibilité et sa légitimité, sérieusement écornées par ce Mondial controversé.