L’annonce de Valeo jette un froid sur l’industrie automobile française. Ce mastodonte des équipements auto prévoit en effet de sabrer 868 postes sur le territoire. Une nouvelle qui vient alourdir le climat morose régnant sur ce fleuron national, confronté à une concurrence étrangère féroce et une transition vers l’électrique semée d’embûches. Décryptage d’une crise aux enjeux cruciaux pour l’emploi et la souveraineté industrielle de l’Hexagone.
Restructuration massive chez Valeo
Le couperet est tombé mercredi dernier. Selon des sources syndicales, la direction de Valeo planifierait la suppression de 868 postes en France, dont 694 départs contraints et 174 départs volontaires. Une douche froide pour les salariés des sites concernés :
- Fermeture des usines de La Suze-sur-Sarthe et La Verrière
- Transferts de postes vers d’autres sites
- Réduction des effectifs à L’Isle-d’Abeau
Au total, ce sont potentiellement 1 282 emplois qui seraient menacés si l’on inclut les postes vacants supprimés et les refus de mobilité, d’après FO. Un choc pour les bassins d’emplois locaux, qui interroge sur l’avenir du secteur en France.
Une crise automobile européenne
Loin d’être un cas isolé, les difficultés de Valeo illustrent la crise profonde qui mine l’industrie automobile européenne. Pénalisés par :
- Un marché en berne
- Des coûts de production élevés
- L’électrification à marche forcée
- La concurrence des pays à bas coûts
Les constructeurs et équipementiers du Vieux continent peinent à tenir la cadence. Des géants comme Bosch ou Continental ont aussi annoncé des coupes claires dans leurs effectifs. Une tendance lourde qui fait craindre un décrochage durable face à la Chine et à l’Asie.
Le monde bascule, il faut réagir vite pour ne pas se faire distancer. L’Europe doit muscler son industrie automobile.
Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA)
Le défi de l’électrification
Au cœur des turbulences actuelles, la transition vers le véhicule électrique s’avère plus complexe que prévu pour des acteurs comme Valeo, dont le cœur de métier reste lié au moteur thermique. Avec des lancements de nouveaux modèles électriques sans cesse repoussés, la bascule se fait attendre.
Un constat inquiétant alors que l’UE prévoit d’interdire les moteurs essence et diesel dès 2035. Sans un soutien public massif pour accompagner sa mue, la filière tricolore risque le déclassement face à des rivaux mieux armés.
Quel avenir pour l’automobile française ?
Face à l’ampleur de la crise, des voix s’élèvent pour réclamer un plan Marshall de la filière automobile. L’enjeu : préserver un écosystème industriel vital, des savoir-faire précieux et des centaines de milliers d’emplois directs et indirects. Des pistes sont avancées :
- Aides ciblées à la R&D et à l’investissement
- Formation aux métiers de l’électrique
- Relocalisation de la production des batteries
- Soutien à l’export et à l’innovation
Autant de leviers nécessaires pour enrayer le déclin et permettre à des groupes comme Valeo de réussir leur mue. Car au-delà d’un fleuron national, c’est toute une filière stratégique pour notre économie et nos territoires qui est aujourd’hui fragilisée. L’État sera-t-il au rendez-vous ?
Il y a urgence à agir. Nous avons les atouts pour rebondir, mais sans volontarisme politique, le décrochage sera fatal.
Source proche du ministère de l’Économie
Une chose est sûre : pour l’automobile tricolore, l’équation est complexe. Entre impératifs de compétitivité, de transition écologique et de maintien de l’emploi, la voie est étroite. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si le site France peut rester une terre d’excellence de la filière ou s’il est condamné au déclin. Un dossier explosif qui promet de bousculer l’agenda social et politique.