Dans un revirement inattendu, le Hezbollah a annoncé son intention de collaborer pleinement avec le gouvernement libanais pour renforcer le déploiement de l’armée nationale dans le sud du pays, une région stratégique à la frontière avec Israël. Cette décision intervient alors qu’une trêve fragile vient d’être instaurée après deux mois d’affrontements meurtriers entre le mouvement chiite et l’État hébreu.
Selon une source proche du dossier, le député du Hezbollah Hassan Fadlallah a affirmé qu’il n’y aurait « aucun problème » quant à la coopération de son parti avec les autorités libanaises sur ce sujet. Il a toutefois tenu à préciser que la « Résistance » ne disposait pas de « bases » ou « d’armes visibles » dans le sud, car elle ne serait pas une « armée régulière ».
Un cessez-le-feu précaire
Le cessez-le-feu, parrainé par Washington et Paris, prévoit un retrait progressif de l’armée israélienne du sud du Liban sous 60 jours, ainsi qu’un recul des combattants du Hezbollah vers le nord du fleuve Litani. Le mouvement pro-iranien ne devra plus déployer d’armes lourdes près de la frontière, une zone où seuls l’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU pourront stationner.
Malgré les termes de l’accord, le Hezbollah se dit prêt à riposter en cas de violation de la trêve par Israël, invoquant un « droit d’autodéfense ». Une mise en garde qui laisse planer le spectre d’une reprise des hostilités à tout moment.
Les défis du gouvernement libanais
Pour le Premier ministre Najib Mikati, l’enjeu est de taille. Son gouvernement doit réussir le pari d’un renforcement significatif de la présence militaire dans le sud, une condition sine qua non pour espérer une stabilisation durable de cette poudrière. Mais la tâche s’annonce ardue face à un Hezbollah qui, malgré ses promesses, entend bien garder la main sur son fief.
Personne ne peut éloigner les « enfants de ces villages »
– a averti Hassan Fadlallah, en référence aux combattants du Hezbollah originaires du sud.
Un message à peine voilé signifiant que le parti chiite ne compte pas totalement désarmer la région, même s’il consent à une présence accrue de l’armée régulière.
Vers une nouvelle donne géopolitique ?
Au-delà des déclarations, l’attitude conciliante affichée par le Hezbollah marque un tournant. Affaibli par une guerre coûteuse et sous pression de son parrain iranien, le mouvement semble contraint de composer avec un État qui cherche à reprendre la main. Reste à savoir si ce rééquilibrage des forces sera durable ou simplement tactique.
Beaucoup dépendra de la capacité du gouvernement Mikati à occuper le terrain et à proposer une alternative crédible à « l’État dans l’État » que représente le Hezbollah dans le sud. Un véritable défi dans un pays miné par les divisions confessionnelles et l’instabilité chronique.
L’unité nationale à l’épreuve
Plus que jamais, l’avenir du Liban se joue dans sa capacité à restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire et à réaffirmer son indépendance face aux ingérences étrangères. Un défi existentiel pour ce petit pays du Levant, écartelé entre les ambitions régionales de puissances rivales.
La trêve actuelle offre une fenêtre d’opportunité inédite pour avancer sur la voie d’un État unifié et souverain. Encore faut-il que toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles le Hezbollah, jouent le jeu d’un véritable renforcement des institutions nationales. Un pari loin d’être gagné, mais crucial pour l’avenir du Liban.
Dans ce contexte volatil, la communauté internationale aura un rôle clé à jouer pour accompagner le processus et s’assurer du respect des engagements pris. Car la stabilité du Liban est un enjeu qui dépasse largement ses frontières, dans une région plus que jamais sous haute tension.