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Auchan : Négociations Tendues sur le Plan Social, les Syndicats Mettent la Pression

Chez Auchan, les négociations sur le plan social débutent dans un climat tendu. Les syndicats mettent la pression pour obtenir le reclassement des salariés touchés par les suppressions de postes et fermetures de magasins. La direction parviendra-t-elle à trouver un compromis ? L'avenir de milliers d'employés en jeu...

C’est dans un climat particulièrement tendu que s’ouvrent ce jeudi les négociations entre la direction d’Auchan et les organisations syndicales concernant le vaste plan social annoncé par le groupe de grande distribution. Alors que près de 2400 suppressions de postes sont prévues, dont 1500 via un plan de départs volontaires, les représentants du personnel entendent bien mettre la pression pour obtenir des garanties sur le reclassement des salariés concernés.

Les syndicats réclament des reclassements dans le groupe Mulliez

Principal point de crispation : la possibilité pour les employés dont le poste est supprimé d’être reclassés au sein des différentes enseignes du groupe Mulliez, qui possède Auchan mais aussi Leroy-Merlin, Décathlon ou encore Kiabi. Une demande légitime pour Franck Martinaud, représentant FO :

Il existe de nombreuses passerelles possibles et des postes à pourvoir dans la galaxie Mulliez. Ce serait une vraie bouffée d’oxygène pour les salariés concernés, d’autant que leurs compétences sont transférables.

Mais pour l’heure, la direction reste floue sur le sujet, se bornant à renvoyer aux négociations à venir. Un mutisme qui fait craindre le pire aux syndicats.

La CFDT dénonce des suppressions de postes « à la hache »

De son côté, la CFDT pointe du doigt l’ampleur des suppressions de postes, qu’elle juge disproportionnées et précipitées. Pour Isabelle Bouvier, déléguée syndicale centrale, la direction procède à des coupes drastiques sans prendre le temps d’une analyse fine :

On a l’impression que rien n’a été épargné, que Guillaume Darrasse [le DG d’Auchan France, NDLR] a procédé à des suppressions à la hache, sans vraiment étudier les conséquences sur le terrain et l’organisation du travail.

La CFDT demande un moratoire sur les fermetures de magasins et un réexamen au cas par cas des postes supprimés, afin de limiter au maximum les départs contraints et de maintenir des effectifs suffisants pour assurer la continuité de l’activité.

Course contre la montre pour trouver un accord

Les négociations qui s’ouvrent ce jeudi sont cruciales. Selon nos informations, la direction souhaite aller vite et faire avaliser le plan au plus tard mi-juillet. Un calendrier jugé intenable par les syndicats, qui veulent au contraire prendre le temps de la discussion. Le ton est d’ores et déjà monté d’un cran, certaines organisations agitant la menace de grèves et de blocages si leurs revendications n’étaient pas entendues.

Du côté du ministère du Travail, on suit le dossier avec attention. Si le gouvernement n’entend pas s’immiscer directement dans les négociations, Olivier Dussopt, le ministre, a rappelé qu’il attendait de la direction d’Auchan qu’elle mette tout en œuvre pour limiter les licenciements secs et favoriser les reclassements, y compris hors du groupe.

Un plan social sur fond de crise du modèle économique

Ce énième plan social chez Auchan intervient alors que le groupe traverse une passe difficile. Pénalisé par sa trop forte dépendance aux hypermarchés, un format en perte de vitesse, Auchan voit ses parts de marché s’effriter face à des concurrents mieux positionnés. Les mauvais résultats financiers s’accumulent, et la crise inflationniste actuelle n’arrange rien, entraînant une chute de la fréquentation et du panier moyen.

Auchan paie son retard dans la transformation de son modèle. Il y a eu trop d’hésitations, trop de demi-mesures. Aujourd’hui, c’est une course contre la montre pour rattraper le temps perdu.

analyse un expert du secteur.

Chez Auchan, on assure que ce plan est vital pour remettre l’entreprise sur de bons rails et retrouver des marges de manœuvre financières. Pas sûr que cet argument suffise à convaincre des salariés, qui vivent déjà depuis plusieurs années au rythme des restructurations.

L’État demande des « efforts » aux actionnaires

Dans ce contexte tendu, le gouvernement tente de jouer les médiateurs. Outre l’appel au dialogue et à la responsabilité lancé aux dirigeants d’Auchan, l’exécutif demande des « efforts » aux actionnaires de l’entreprise, la famille Mulliez. Une référence à peine voilée aux généreuses distributions de dividendes des dernières années, en dépit des difficultés rencontrées.

Reste à savoir si ces déclarations suffiront à infléchir la position de la direction. Une chose est sûre : elle sait d’ores et déjà qu’elle va devoir lâcher du lest pour espérer emporter l’adhésion des syndicats. Mais jusqu’où sera-t-elle prête à aller ? Réponse dans les prochaines semaines, au terme d’une négociation qui s’annonce d’ores et déjà comme un véritable bras de fer.

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