En avril, l’inflation aux États-Unis s’est stabilisée, un soulagement après les rebonds du début d’année. Cependant, la Réserve Fédérale (Fed), en première ligne face à la hausse des prix, ne se montrera pas si facilement convaincue. Malgré ce répit, les taux directeurs devraient rester à des niveaux élevés pendant encore un certain temps.
Une inflation stable, mais toujours préoccupante
Selon les données publiées par le département du Commerce, l’indice des prix à la consommation PCE a progressé de 0,3% sur un mois et de 2,7% sur un an en avril. Un chiffre conforme aux attentes des analystes. La hausse dite “sous-jacente”, excluant les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, est elle aussi stable sur un an à 2,8%.
Si cette accalmie est la bienvenue pour les ménages américains, dont le pouvoir d’achat a été sérieusement rogné, elle ne signifie pas pour autant la fin de l’inflation. Donald Trump, en campagne pour un nouveau mandat présidentiel, ne manque pas de pointer du doigt la responsabilité de Joe Biden dans cette situation.
La Fed ne relâchera pas ses efforts
Face à cette pression inflationniste persistante, la Fed maintient depuis l’été dernier des taux directeurs très élevés. Une politique monétaire restrictive qui pèse lourdement sur les consommateurs américains, très dépendants du crédit.
Le contexte inflationniste suggère que les responsables de la Fed se montreront patients.
– Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics
Avant d’envisager une baisse des taux, la banque centrale attendra des signes plus tangibles d’un retour durable de l’inflation vers sa cible de 2%. Elle se tient prête à réagir en cas d’affaiblissement plus marqué que prévu du marché du travail, qui pèserait alors sur la demande et la croissance.
L’économie américaine marque le pas
Dans ce contexte, les dépenses des ménages ont nettement ralenti en avril (+0,2%), après une hausse de 0,7% en mars. La croissance de leurs revenus s’est aussi tassée. Des signes supplémentaires d’un essoufflement de la consommation, principal moteur de l’économie américaine.
Le PIB des États-Unis n’a progressé que de 1,3% en rythme annualisé au 1er trimestre 2024, contre 3,4% au trimestre précédent. Si la prochaine réunion de la Fed mi-juin ne devrait pas apporter de changement immédiat, les marchés anticipent un début de baisse des taux d’ici septembre ou novembre.
Une patience nécessaire
La bataille contre l’inflation est loin d’être gagnée et la vigilance reste de mise à la Fed. Son président à New York, John Williams, ne ressent “aucune urgence” à inverser le cycle de resserrement monétaire. Certains membres se disent même prêts à relever encore les taux si besoin, même si ce scénario apparaît moins probable.
Dans ce contexte délicat de prix élevés et de croissance ralentie, la Fed avance sur une ligne de crête. Si l’inflation donne quelques signes d’accalmie, la banque centrale ne peut crier victoire trop vite au risque de fragiliser sa crédibilité. Seule certitude, une grande patience sera la clé ces prochains mois.