En cette fin novembre 2024, un vent d’incertitude souffle sur la France. Le spectre d’une censure plane au-dessus du gouvernement de Michel Barnier, premier ministre en place depuis seulement deux mois. Les conséquences d’un tel scénario, évoqué par Barnier lui-même sur TF1 ce mardi 26 novembre, pourraient être lourdes sur les plans politique et économique.
Les risques d’un gouvernement temporaire
Selon Benjamin Morel, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public, une chute de l’exécutif actuel mènerait probablement à la formation d’un « gouvernement technique ». Mais ce dernier serait dans une position fragile. « Il serait forcé de faire des cadeaux au Rassemblement national », prévient l’expert dans les colonnes d’un grand quotidien national.
Car même censuré, le projet de loi de finances porté par le gouvernement Barnier ne disparaîtrait pas pour autant. Son sort serait entre les mains du Sénat, à majorité de droite, qui pourrait chercher un compromis avec le RN pour faire passer certaines mesures. Un jeu d’équilibriste périlleux.
L’épée de Damoclès budgétaire
C’est bien le budget 2025 qui cristallise toutes les tensions. Son examen à l’Assemblée et les débats houleux qu’il suscite font craindre le pire à l’exécutif. D’après des sources concordantes, Michel Barnier multiplierait les réunions de crise avec son équipe pour tenter de désamorcer le risque d’un rejet.
Signe de la gravité de la situation, le locataire de Matignon a entamé depuis quelques jours un cycle de discussions avec les chefs de l’opposition. Objectif : faire émerger des compromis pour sauver son budget et, in fine, son gouvernement. Une attitude jugée « responsable » par certains, mais aussi le symbole d’un aveu de faiblesse pour d’autres.
Des marchés financiers fébriles
Dans ce climat d’incertitude politique, les marchés financiers ont les yeux rivés sur la France. Principal motif d’inquiétude : le coût de la dette française, qui a explosé ces derniers jours. Selon les données de Bloomberg, le spread avec le taux allemand a atteint les 90 points de base, du jamais vu depuis la crise de la zone euro en 2012.
Le marché craint clairement un scénario à l’italienne, avec une forte instabilité politique qui paralyserait les réformes.
Un stratégiste obligataire d’une grande banque française
Signe de la nervosité ambiante, la Bourse de Paris a fini dans le rouge ce mardi, le CAC 40 abandonnant 1,2%. Les valeurs bancaires ont particulièrement souffert, pénalisées par la remontée des taux souverains.
Barnier joue son va-tout
Face à cette brume politico-financière, Michel Barnier semble déterminé à défendre son budget coûte que coûte. Preuve de l’importance de l’enjeu, le Premier ministre a appelé les Français à le « soutenir » lors de son intervention sur TF1.
Une tentative de faire pression sur les oppositions ? Possible. Mais aussi le signe que Barnier est prêt à en découdre, quitte à mettre sa propre personne dans la balance. Selon un ministre qui a requis l’anonymat, « il joue son poste et sa crédibilité politique sur ce budget ».
Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour l’avenir du gouvernement, mais aussi plus largement celui de la France. En coulisses, c’est une véritable partie de poker menteur qui se joue entre Matignon et le Palais Bourbon. Avec un risque majeur en cas d’échec : celui d’une crise politique et financière dont il est encore difficile de mesurer l’ampleur. Le feuilleton ne fait que commencer.