Les négociations entre la Suisse et l’Union européenne sont entrées dans une phase décisive, alors que les deux parties cherchent à conclure un accord de rapprochement cette année. Cependant, selon une source proche du dossier, Berne privilégie la qualité de cet accord sur le respect du calendrier initialement prévu.
Une rencontre cruciale est prévue en fin d’après-midi entre le chef de la diplomatie helvétique et le vice-président de la Commission européenne. L’objectif : faire le point sur l’avancée des discussions et aborder les questions encore en suspens, tant sur le fond que sur la forme.
Des progrès significatifs, mais des points à éclaircir
Si cette visite témoigne des « progrès importants » réalisés, elle met aussi en lumière la nécessité d’intensifier les contacts dans la dernière ligne droite. Car malgré une volonté commune d’aboutir, plusieurs éléments doivent encore être discutés en profondeur.
Parmi les sujets épineux figure notamment la question de l’immigration. La Suisse a en effet introduit récemment une nouvelle demande remettant en cause la libre circulation des personnes, un des fondements de la construction européenne. Un point qui sera abordé lors de la rencontre, aux côtés d’autres « questions en suspens ».
L’enjeu : stabiliser et développer les relations
L’objectif de ces négociations est de stabiliser et développer les relations entre la Suisse et l’UE, actuellement régies par plus de 120 accords. Après avoir quitté la table des négociations en 2021, la Suisse a accepté de les relancer début 2023, mais sous un nouveau format.
Bruxelles réclame depuis longtemps un accord général harmonisant le cadre juridique, incluant une reprise dynamique du droit européen. Une condition sine qua non pour que la Suisse puisse bénéficier pleinement du marché intérieur européen.
Une approche sectorielle et de nombreux enjeux
Les nouvelles tractations adoptent une approche sectorielle, visant à :
- Mettre à jour 5 accords existants (libre circulation, évaluations de conformité, transports terrestres et aérien, agriculture)
- Élaborer de nouveaux accords (électricité, sécurité alimentaire, santé)
Mais les enjeux vont au-delà, avec notamment :
- La participation de la Suisse aux programmes européens (recherche, culture, sports…)
- L’ouverture demandée par l’UE du marché ferroviaire helvétique
- Une contribution régulière de la Suisse au Fonds de cohésion européen
Des obstacles politiques à surmonter
Mais la route vers un accord s’annonce semée d’embûches. Les ministres européens des 27 ont clairement signifié à Berne leur opposition à un « menu à la carte ». Ce qui rend l’adoption d’un éventuel accord très incertaine en Suisse, où tout traité sera soumis au Parlement et au peuple par référendum.
Un obstacle de taille se dresse avec l’UDC, premier parti de Suisse farouchement opposé à tout rapprochement avec l’UE. La présidente suisse elle-même a reconnu la difficulté de convaincre cette formation.
Convaincre l’UDC sera presque impossible.
Viola Amherd, Présidente de la Confédération suisse
Un rythme soutenu malgré les écueils
Malgré ces écueils, les négociations « se poursuivent à un rythme intense » selon une source officielle. Signe que malgré les divergences, la volonté d’avancer est bien présente des deux côtés.
La rencontre de ce jour permettra de mesurer le chemin parcouru et celui qu’il reste à accomplir. Avec en ligne de mire cet objectif ambitieux mais crucial : doter les relations Suisse-UE d’un cadre modernisé et consolidé, gage de stabilité et de prospérité pour l’avenir.
Car au-delà des intérêts de chacun, c’est bien un destin commun que partagent ces deux partenaires si proches et si essentiels l’un à l’autre. Un destin qu’il s’agit aujourd’hui, plus que jamais, de bâtir ensemble.