C’est une polémique qui fait rage depuis la séance de questions au gouvernement de ce mercredi à l’Assemblée nationale. Alors qu’une députée de gauche interpellait l’exécutif sur les récents drames de migrants noyés en tentant de traverser la Manche, c’est le ministre de la Mer et de la Pêche, Fabrice Loher, qui s’est retrouvé à répondre. Un choix qui a immédiatement suscité l’indignation sur les bancs de la gauche.
Un ministre de la Pêche pour parler des naufrages de migrants
Lors de la séance, la députée Elsa Faucillon, du groupe communiste, a pris la parole pour dénoncer « des dizaines d’années de politique migratoire répressive, faisant de l’Europe une forteresse ceinturée de mers de sang ». Citant les prénoms de certaines des victimes récentes, elle a déploré que « les années passent, les naufrages se multiplient », avant d’appeler le gouvernement à renforcer la prévention et l’aide humanitaire.
Mais à la surprise générale, ce n’est pas le ministre de l’Intérieur, pourtant en première ligne sur ces questions, qui s’est levé pour lui répondre. C’est Fabrice Loher, le ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche, qui a pris la parole, suscitant immédiatement des huées sur les bancs de la gauche. « C’est une honte ! » a ainsi crié le président du groupe communiste André Chassaigne.
Le gouvernement se défend, la gauche crie au scandale
Face à l’indignation, le gouvernement s’est défendu par la voix de Michel Barnier, expliquant ce choix par le fait que la question de la députée « mentionnait le sauvetage en mer ». « Voilà pourquoi c’est le ministre en charge de la mer, et donc en charge, au sein du gouvernement, des secours en mer » qui a été désigné pour répondre, a-t-il justifié, appelant à ne pas « polémiquer sur des questions aussi graves ».
Mais l’explication n’a pas suffi à calmer les esprits. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, a fait valoir son « indignation » face à cette décision de « faire répondre le ministre de la pêche sur la question de la protection des migrants ». Sur les réseaux sociaux, la députée LFI Clémentine Autain a de son côté évoqué une « honte absolue » : « Nous parlons d’êtres humains, pas de poissons ! Le naufrage politique est total. »
Le ministre défend son administration
Fabrice Loher lui-même a réagi sur Twitter pour répondre à ces critiques, soulignant qu’il était « bien ministre de la Mer ET de la Pêche » et que « les moyens de [son] administration sont engagés dans les opérations de sauvetage en Manche ». Une manière de justifier la pertinence de son intervention, alors même qu’une source gouvernementale reconnaissait en off qu’il avait été « envoyé au casse-pipe ».
Car sur le fond, la réponse du ministre n’a pas vraiment convaincu. S’il a tenu à dire sa « compassion pour les victimes », il s’est contenté de défendre le bilan de la Place Beauvau et sa lutte contre « les réseaux criminels qui tirent profit des tentatives de traversées ». Loin des demandes de la gauche d’une rupture dans la politique migratoire et d’un renforcement des moyens de sauvetage.
La crise migratoire, un sujet brûlant
Cette polémique intervient dans un contexte de forte tension sur la question migratoire, marqué par une augmentation des traversées de la Manche et des naufrages dramatiques. Depuis le début de l’année 2024, plus de 25 000 migrants auraient ainsi tenté la traversée selon les autorités, et plusieurs dizaines ont trouvé la mort en mer.
Face à cette crise, le gouvernement est régulièrement accusé par la gauche de mener une politique répressive et mortifère, focalisée sur la lutte contre l’immigration irrégulière plutôt que sur le sauvetage des vies humaines. Des critiques balayées par l’exécutif, qui met en avant son action pour démanteler les réseaux de passeurs et sécuriser la frontière.
Reste que le choix de faire répondre le ministre de la Pêche à une question aussi sensible politiquement apparaît pour le moins maladroit. D’autant que ce dernier n’est pas réputé pour sa finesse politique, comme en témoignent certaines de ses récentes sorties polémiques. De quoi donner du grain à moudre aux oppositions, qui ne manqueront pas d’utiliser cet épisode pour accentuer encore la pression sur le gouvernement.
La crise migratoire, un sujet brûlant
Cette polémique intervient dans un contexte de forte tension sur la question migratoire, marqué par une augmentation des traversées de la Manche et des naufrages dramatiques. Depuis le début de l’année 2024, plus de 25 000 migrants auraient ainsi tenté la traversée selon les autorités, et plusieurs dizaines ont trouvé la mort en mer.
Face à cette crise, le gouvernement est régulièrement accusé par la gauche de mener une politique répressive et mortifère, focalisée sur la lutte contre l’immigration irrégulière plutôt que sur le sauvetage des vies humaines. Des critiques balayées par l’exécutif, qui met en avant son action pour démanteler les réseaux de passeurs et sécuriser la frontière.
Reste que le choix de faire répondre le ministre de la Pêche à une question aussi sensible politiquement apparaît pour le moins maladroit. D’autant que ce dernier n’est pas réputé pour sa finesse politique, comme en témoignent certaines de ses récentes sorties polémiques. De quoi donner du grain à moudre aux oppositions, qui ne manqueront pas d’utiliser cet épisode pour accentuer encore la pression sur le gouvernement.