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Le Chef de la Junte Birmane Visé par un Mandat d’Arrêt de la CPI

Rebondissement dans la crise des Rohingyas : le procureur de la CPI demande un mandat d'arrêt contre le chef de la junte birmane. Une première étape cruciale pour rendre justice à cette minorité persécutée. Découvrez les dessous de cette procédure inédite...

Un événement sans précédent secoue actuellement la Birmanie et la communauté internationale. D’après des sources proches du dossier, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) vient de franchir un pas décisif en déposant une requête pour obtenir un mandat d’arrêt à l’encontre du général Min Aung Hlaing, à la tête de la junte militaire birmane depuis le coup d’État de février 2021.

Des crimes contre l’humanité présumés envers les Rohingyas

Les faits reprochés au dirigeant de facto de la Birmanie sont d’une extrême gravité. Le bureau du procureur de la CPI, basé à La Haye, mène depuis 2019 une enquête approfondie sur les exactions subies par la minorité musulmane rohingya dans l’État de Rakhine, principalement lors des vagues de violence de 2016 et 2017. Selon le communiqué du procureur Karim Khan, il existe des « motifs raisonnables » de penser que Min Aung Hlaing pourrait être tenu pénalement responsable de « crimes contre l’humanité de déportation et de persécution » perpétrés à l’encontre de cette population.

Les Rohingyas, vivant majoritairement dans l’ouest de la Birmanie, font l’objet d’une répression systématique dans ce pays à dominante bouddhiste. Privés de citoyenneté et soumis à des restrictions draconiennes, leur sort a été qualifié de régime d’apartheid par l’ONG Amnesty International. Les témoignages glaçants des réfugiés ayant fui au Bangladesh font état de massacres, de viols et d’incendies de villages entiers par l’armée birmane, poussant près d’un million de Rohingyas à l’exil.

Une première historique à la CPI

Si les juges de la CPI donnent leur feu vert, il s’agirait des premiers mandats d’arrêt jamais émis par cette juridiction à l’encontre de hauts responsables du régime birman. Une étape cruciale, comme le souligne Maria Elena Vignoli de Human Rights Watch :

« L’action de la CPI est une étape importante vers la rupture du cycle d’abus et d’impunité qui a longtemps été un facteur clé pour alimenter les violations massives de l’armée. »

Théoriquement, une fois les mandats délivrés, les 124 États membres de la CPI auraient l’obligation d’arrêter Min Aung Hlaing et ses complices s’ils se rendaient sur leur territoire. Mais la réalité géopolitique pourrait compliquer la donne, la Chine, principal soutien de la junte, n’étant pas signataire du Statut de Rome fondateur de la Cour.

Le déni persistant des autorités birmanes

Malgré les preuves accablantes et les condamnations internationales, le pouvoir birman reste inflexible. Min Aung Hlaing, qui dirigeait déjà l’armée lors de la répression, a balayé d’un revers de main le terme même de « Rohingya », le qualifiant d' »imaginaire ». Depuis le putsch qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, la Birmanie est en proie à un conflit sanglant entre la junte et divers groupes rebelles.

Face à cette escalade, le chef de la junte a récemment affirmé à son homologue chinois que l’armée était prête à faire la paix si les groupes armés s’y engageaient également. Une main tendue qui sonne creux tant que la question rohingya reste ignorée et que l’impunité règne.

Vers une lueur d’espoir pour les victimes ?

L’initiative de la CPI, bien que semée d’embûches, représente néanmoins une lueur d’espoir pour les centaines de milliers de Rohingyas entassés dans des camps de fortune au Bangladesh, ainsi que pour ceux restés en Birmanie, toujours soumis à un régime discriminatoire. Si la route vers la justice sera longue, cette première étape montre que la communauté internationale n’est pas prête à fermer les yeux sur un des pires drames humanitaires de notre époque.

Dans un contexte où les crises se multiplient aux quatre coins du globe, il est crucial que l’appareil judiciaire international se saisisse des situations les plus critiques. Car au-delà du cas birman, c’est la crédibilité même de la justice pénale internationale qui est en jeu. Une crédibilité mise à rude épreuve ces dernières années, entre manque de moyens, réticences étatiques et sélectivité des poursuites.

Tous les regards sont désormais tournés vers les juges de la CPI. Leur décision sera scrutée tant par les défenseurs des droits humains que par les responsables politiques et militaires du monde entier. Un feu vert aux mandats d’arrêt serait un signal fort, montrant qu’aucun crime contre l’humanité ne saurait rester impuni, quels que soient le rang et la puissance des accusés. Car comme l’a martelé le procureur Khan, cette procédure n’est qu’un début. D’autres dossiers brûlants attendent la Cour, de l’Ukraine à la Palestine en passant par l’Afghanistan.

Une chose est sûre : le chemin sera long et parsemé d’obstacles pour que les victimes rohingyas obtiennent réparation. Mais cette bataille judiciaire est essentielle. Au-delà de la sanction des bourreaux, elle porte un message universel : celui d’un monde où le droit et la dignité humaine doivent primer sur la raison du plus fort. Un monde où personne, pas même un chef d’État ou un général tout-puissant, n’est au-dessus des lois. C’est tout le sens et la noblesse de la justice internationale, cette justice des grands défis et des causes en apparence perdues.

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