Un vent nouveau souffle sur la politique géorgienne. Mercredi dernier, un ancien joueur de football professionnel, Mikheïl Kavelachvili, a été choisi par le parti au pouvoir Rêve géorgien comme candidat à l’élection présidentielle du 14 décembre prochain. Un parcours atypique pour cet homme de 53 ans qui s’est lancé en politique il y a seulement 6 ans.
Un footballeur devenu homme politique
Avant de se lancer en politique, Mikheïl Kavelachvili a eu une carrière de footballeur professionnel bien remplie. Il a notamment joué entre 1996 et 1999 en Angleterre, dans le prestigieux club de Manchester City. Père de quatre enfants, il a raccroché les crampons pour entrer en politique en 2016, en devenant député sous les couleurs du parti Rêve géorgien.
Mais en 2022, il quitte ce parti pour co-fonder une formation politique d’extrême droite, Pouvoir du Peuple. Un parti considéré par beaucoup comme un satellite de Rêve géorgien. C’est donc un retour en grâce express pour cet ancien sportif, propulsé candidat à la plus haute fonction de l’État.
« Je ferai tout pour unir la société géorgienne autour de nos intérêts nationaux, notre identité nationale, nos valeurs et l’idée de l’indépendance géorgienne »
– Mikheïl Kavelachvili, candidat à la présidentielle
Une élection sur fond de turbulences politiques
Cette élection présidentielle intervient dans un contexte politique tendu en Géorgie. Le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et de rapprochement avec la Russie. S’il a remporté les dernières élections législatives en octobre, les résultats ont été rejetés par l’opposition.
Le nouveau parlement peine donc à asseoir sa légitimité. Dès sa première session lundi dernier, des manifestants mais aussi la présidente sortante pro-occidentale Salomé Zourabichvili, en rupture avec le parti majoritaire, ont contesté son bien-fondé. C’est pourtant ce parlement fraîchement élu qui s’est réuni mardi pour fixer la date de la prochaine élection présidentielle au 14 décembre.
Un scrutin indirect aux enjeux importants
Pour la première fois, le futur président géorgien sera élu au suffrage indirect, par un collège électoral, et non plus directement par les citoyens. Un changement constitutionnel voulu et adopté en 2017 par le parti Rêve géorgien. Avec un tel mode de scrutin, la victoire d’un fidèle de ce parti ne fait guère de doute.
L’enjeu pour le pouvoir en place est de renforcer son emprise à la tête de l’État, d’autant que la même réforme constitutionnelle a considérablement réduit les prérogatives présidentielles. Le futur homme fort ne pourra plus négocier directement avec des pays étrangers ou déclarer la loi martiale sans l’aval du Premier ministre.
Pour l’opposition et de nombreux observateurs, l’arrivée au pouvoir d’un proche du parti majoritaire et le départ de l’actuelle présidente pro-européenne Salomé Zourabichvili risquent de précipiter la dérive de la Géorgie vers un régime de plus en plus autoritaire et inféodé à Moscou. Les turbulences politiques semblent loin d’être terminées dans cette ex-république soviétique.