Un procès sans précédent secoue actuellement la France. Depuis le début de ce mois, 51 hommes comparaissent devant la cour criminelle du Vaucluse à Avignon. Ils sont accusés d’avoir violé, à de multiples reprises, Gisèle Pelicot, une femme qui était droguée à son insu par son mari. Ce dernier est considéré comme le principal accusé, ayant orchestré ce système pervers de viols conjugaux pendant près de 10 ans.
Des réquisitions à la hauteur de l’horreur subie
Après trois jours d’un réquisitoire poignant, le parquet a réclamé des peines allant de 4 à 20 ans de prison à l’encontre des 51 accusés. Une peine de 20 ans, soit la peine maximale, a été requise contre Dominique Pelicot, le mari de la victime. Considéré comme le « chef d’orchestre » de cette décennie de viols, il droguait son épouse aux anxiolytiques avant de la livrer à des inconnus recrutés sur internet.
Pour les 50 autres accusés, les peines requises s’échelonnent entre 10 et 18 ans de réclusion criminelle, des peines bien plus sévères que la moyenne des condamnations pour viol en France, qui était de 11,1 ans en 2022.
« L’absence de consentement de Gisèle Pelicot ne pouvait pas être ignorée des accusés. »
Jean-François Mayet, procureur général adjoint
Un procès pour changer les mentalités
Au-delà des peines, les procureurs ont souligné que l’enjeu de ce procès était de « changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes« . Ils ont martelé qu’on « ne peut plus en 2024 dire ‘puisqu’elle n’a rien dit, elle était d’accord’, c’est d’un autre âge », balayant ainsi toute notion de consentement implicite ou par procuration.
Le courage exemplaire de Gisèle Pelicot
Tout au long de ce procès, Gisèle Pelicot a fait preuve d’un courage exceptionnel. Malgré l’horreur subie, elle a affronté ses bourreaux, relaté son calvaire et répondu aux questions, parfois déstabilisantes, de la défense. Son témoignage a été salué par de nombreuses personnalités, dont la romancière britannique J.K. Rowling, qui lui a exprimé son admiration sans bornes.
Les plaidoiries de la défense attendues
Après les réquisitions, place maintenant aux plaidoiries de la défense. Elles devraient s’étaler jusqu’au 13 décembre. Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot, sera la première à plaider. Un exercice délicat tant les faits reprochés à son client sont accablants.
Le verdict est attendu au plus tard le 20 décembre. Il sera scruté par toute la France, tant ce procès est devenu le symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes et la culture du viol. L’espoir est que les peines prononcées soient à la hauteur des souffrances endurées par Gisèle Pelicot et marquent un tournant dans la prise en compte de ces crimes par la justice.