Un an jour pour jour après une tentative de coup d’État qui a secoué la Sierra Leone, les autorités ont mené une opération coup de poing pour capturer deux officiers soupçonnés d’être des acteurs clés de ces événements. Malheureusement, l’intervention s’est soldée par la mort des deux fugitifs lors d’un échange de coups de feu avec les forces spéciales.
Deux personnages centraux dans le viseur
Selon un communiqué du ministère de l’Information, les capitaines Aiah Aba Senesie et T.L. Konteh étaient activement recherchés pour leur implication présumée dans la tentative de putsch du 26 novembre 2023. Considérés comme « deux personnages clés » par les autorités, ils étaient soupçonnés de préparer de nouvelles actions de déstabilisation du pays.
Une traque qui tourne au drame
Localisés dans un district proche de la capitale Freetown, les deux officiers ont fait l’objet d’un assaut des forces spéciales mardi après-midi. D’après le communiqué, « les fugitifs ont résisté à la tentative pour les arrêter, et ont ouvert le feu sur les forces de sécurité ». L’échange de tirs a malheureusement été fatal aux deux hommes, qui ont été mortellement blessés.
Le spectre d’un nouveau coup de force
Les événements du 26 novembre 2023 avaient suscité une vive inquiétude en Sierra Leone et dans la sous-région. Des assaillants armés avaient alors pris d’assaut plusieurs sites stratégiques, dont une armurerie militaire, deux casernes, deux prisons et deux postes de police. Les affrontements avec les forces de sécurité avaient fait 21 morts et permis l’évasion de centaines de prisonniers avant que les autorités ne reprennent le contrôle de la situation.
Le gouvernement avait pointé du doigt des membres des forces armées, dénonçant une tentative de coup d’État. Dans un contexte régional marqué par une succession de putschs depuis 2020, ces troubles avaient ravivé le spectre d’un nouveau coup de force en Afrique de l’Ouest, même si des doutes persistent sur la nature exacte des événements.
Une vaste enquête et des condamnations
Suite à cette tentative avortée, les autorités sierra-léonaises ont mené une vaste opération qui a conduit à l’arrestation d’au moins 80 personnes, en majorité des militaires. En juillet dernier, onze d’entre eux ont été reconnus coupables de trahison et de meurtre, dont Amadu Koita Makalo, un ancien garde du corps de l’ex-président Ernest Bai Koroma, condamné à un total de 182 ans de prison.
Malgré l’élimination des capitaines Senesie et Konteh, présentés comme des pièces maîtresses du complot, les autorités assurent que « les efforts se poursuivent pour localiser et appréhender les autres fugitifs ». Cet épisode sanglant montre que la Sierra Leone n’a pas fini de panser les plaies de cette tentative de déstabilisation, et que la vigilance reste de mise face aux risques persistants.
Un pays encore fragile
Même si la Sierra Leone a connu une période de stabilité relative depuis la fin de la guerre civile en 2002, le pays reste confronté à de nombreux défis. La pauvreté, le chômage, notamment des jeunes, et la faiblesse des institutions sont autant de facteurs de fragilité qui peuvent nourrir des contestations et des velléités de renversement du pouvoir en place.
Les autorités devront donc redoubler d’efforts pour consolider les fondements démocratiques, renforcer la cohésion nationale et offrir des perspectives à la population, en particulier à la jeunesse. C’est à ce prix que la Sierra Leone pourra espérer tourner définitivement la page des coups de force et s’engager résolument sur la voie d’un développement durable et apaisé.
La paix et la stabilité ne sont jamais définitivement acquises. Elles se construisent jour après jour, à travers le dialogue, la justice et le développement inclusif.
Julius Maada Bio, Président de la Sierra Leone
