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Beyrouth célèbre la « victoire » du Hezbollah malgré les ruines

Malgré la dévastation, les habitants de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, reviennent sur les lieux pour constater l'ampleur des dégâts et afficher leur détermination. Certains pleurent devant les ruines encore fumantes, d'autres brandissent fièrement le drapeau jaune du mouvement...

Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur ce mercredi à 4h du matin heure locale, les habitants de la banlieue sud de Beyrouth, bastion de la formation pro-iranienne, affluent pour découvrir ce qu’il reste de leurs maisons après deux mois d’intenses bombardements israéliens. Sur les décombres encore fumants, certains pleurent devant l’ampleur de la dévastation tandis que d’autres affichent fièrement leur soutien indéfectible au Hezbollah en brandissant son drapeau jaune, célébrant ce qu’ils considèrent comme une « victoire » contre Israël.

Des partisans déterminés malgré les ruines

Dès les premières heures du cessez-le-feu, une foule de résidents s’est précipitée dans les rues dévastées de la banlieue sud, congestionant la circulation. « Nous revenons dans cette banlieue héroïque (..) la banlieue a vaincu, nous sommes fiers », clame Nizam Hamadé, un ingénieur venu inspecter sa maison. Même son de cloche chez Fatima, une autre habitante : « Nous sommes venus dès quatre heures du matin pour voir nos maisons, dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu ».

Malgré le spectacle de désolation qui s’offre à eux, de nombreux partisans du Hezbollah témoignent de leur fidélité au mouvement. Circulant à moto dans les rues jonchées de gravats, ils n’hésitent pas à brandir le drapeau jaune de l’organisation, accompagnant leur démonstration de tirs nourris pour célébrer ce qu’ils perçoivent comme une victoire. Un homme a même été aperçu escaladant une montagne de décombres pour y planter fièrement l’étendard du Hezbollah.

Un lieu symbolique endeuillé

Parmi les points d’intérêt figurait le lieu où le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et son dauphin présumé, Hachem Safieddine, auraient péri lors de frappes israéliennes dévastatrices fin septembre et début octobre. Diala, une habitante, confie être venue se recueillir à cet endroit chargé d’émotion dès les premières lueurs du jour : « Je cherchais l’endroit où nous avons perdu notre âme (..) je suis venue directement, il faisait encore noir ».

Cette visite était aussi l’occasion pour les partisans d’afficher leur soutien indéfectible au leader du Hezbollah. « Nous sommes venus dire au sayyed », comme l’appellent affectueusement ses fidèles, « nous sommes à tes côtés », souligne Kawthar, une autre résidente. Des portraits de Nasrallah et Safieddine étaient distribués aux passants, en signe d’hommage.

L’ampleur des dégâts révélée

Le Hezbollah a organisé une visite guidée pour les journalistes afin de constater l’étendue des destructions dans son fief. Les stigmates des bombardements sont omniprésents, avec des bâtiments éventrés, des amas de gravats et des ruines encore fumantes. Des bulldozers s’activent pour dégager les décombres et permettre aux habitants d’accéder à ce qu’il reste de leurs logements et commerces.

Il faudra du temps pour se relever après un conflit aussi dévastateur. Selon des sources gouvernementales, au moins 3 823 personnes auraient perdu la vie au Liban depuis octobre 2023, majoritairement durant les dernières semaines d’affrontements. L’ONU estime que près de 900 000 personnes ont été déplacées dans le pays en raison des combats.

Un cessez-le-feu fragile

L’entrée en vigueur du cessez-le-feu ce mercredi matin marque une accalmie après plus d’un an d’hostilités transfrontalières et deux mois de guerre ouverte entre l’armée israélienne et le Hezbollah, allié de l’Iran. Malgré l’ampleur des pertes et des destructions, le mouvement chiite conserve le soutien indéfectible de sa base, déterminée à reconquérir son bastion de la banlieue sud.

La période qui s’ouvre s’annonce délicate pour le Liban, qui va devoir panser les plaies de ce nouveau conflit dévastateur. La reconstruction de la banlieue sud de Beyrouth, symbole de la résilience des partisans du Hezbollah, sera un enjeu crucial pour le mouvement comme pour le pays. Reste à savoir si le cessez-le-feu tiendra suffisamment longtemps pour permettre d’entamer ce processus.

En attendant, entre les larmes des uns et les acclamations des autres, les habitants de ce bastion du Hezbollah tentent de se relever, une fois de plus, au milieu des ruines. Leur détermination semble intacte, à l’image de ce drapeau jaune flottant au-dessus des décombres. Un symbole fort d’une « victoire » amère pour le Liban meurtri.

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