Le géant technologique Samsung se trouve à la croisée des chemins. Alors que l’entreprise fait face à une crise sans précédent, elle opère un virage stratégique majeur en donnant la priorité absolue aux semi-conducteurs, au cœur des enjeux de l’intelligence artificielle (IA). Un remaniement en profondeur de sa direction vient d’être annoncé pour soutenir cette nouvelle orientation. Mais suffira-t-elle à assurer l’avenir du mastodonte coréen dans un secteur ultra-compétitif ?
Samsung mise tout sur les puces de demain
Dans un communiqué laconique, Samsung Electronics a fait savoir mercredi qu’un vaste jeu de chaises musicales s’opérait à sa tête. L’objectif : « renforcer la croissance et la compétitivité future de l’entreprise, en se concentrant sur le secteur des semi-conducteurs« . Un virage à 180 degrés pour celui qui règne en maître sur le marché des smartphones et téléviseurs.
Car Samsung l’a bien compris, l’avenir se joue dans les puces électroniques, et plus particulièrement celles dédiées à l’IA. Le vice-président Jun Young-hyun prend ainsi les rênes des activités mémoires, tandis qu’Han Jin-man, ex-patron des puces outre-Atlantique, pilotera les fonderies.
Le géant coréen face à une crise existentielle
Ce remaniement intervient alors que Samsung traverse une période des plus troubles. Début octobre, la direction avait créé la stupeur en reconnaissant faire face à une « crise » et que sa compétitivité technologique était remise en question :
Des inquiétudes sont apparues quant à notre compétitivité technologique fondamentale et à l’avenir de l’entreprise.
Jun Young-hyun, Vice-président de Samsung Electronics
Un constat d’autant plus alarmant que les résultats financiers sont inférieurs aux attentes, avec un bénéfice d’exploitation au 3ème trimestre en deçà des prévisions, à 9,18 milliards de dollars. En parallèle, l’action Samsung a dévissé de 27% cette année.
Course à l’armement dans les puces IA
Au cœur des difficultés de Samsung : son retard dans la production de puces mémoires à large bande passante (HBM), cruciales pour les systèmes d’IA. SK Hynix, son compatriote et rival, a une longueur d’avance. Pire, Samsung peine à obtenir la certification de ses derniers produits par le géant américain Nvidia, acteur incontournable du secteur.
Une situation intenable alors que la course à l’IA s’accélère, dopée par les prouesses des algorithmes d’OpenAI, Google ou Meta. Les puces dédiées à ces technologies sont promises à une croissance exponentielle. Samsung se doit d’y prendre part, sous peine d’être marginalisé.
L’avenir de Samsung en question
Au-delà des enjeux technologiques, c’est l’avenir même de Samsung qui est en jeu. Le groupe reste plombé par les déboires judiciaires de son président Lee Jae-yong, visé par un nouveau procès pour des soupçons de fraude lors d’une fusion controversée.
Dans ce contexte, le virage vers les semi-conducteurs s’impose comme une nécessité vitale. Mais le pari est loin d’être gagné. La concurrence fait rage, à l’image du taïwanais TSMC, mastodonte du secteur. Les investissements colossaux requis pèseront aussi sur les finances du groupe.
Samsung joue donc son va-tout sur les puces. Son avenir en dépend, tout comme sa place dans le club très fermé des géants technologiques. Le nouveau cœur de silicium de l’entreprise aura la lourde tâche de la propulser dans l’ère de l’IA. Réussira-t-il son pari ? L’industrie technologique retient son souffle.