Le vieillissement de la population française soulève de nombreux défis, notamment en termes de prise en charge et de maintien à domicile. Alors que la majorité des seniors souhaitent vieillir chez eux, le coût de ce choix ne cesse d’augmenter, mettant en péril leur qualité de vie et leur pouvoir d’achat.
L’Envolée des Dépenses Liées au Maintien à Domicile
Selon le dernier baromètre de Retraite.com et Silver Alliance, le budget nécessaire pour bien vieillir à domicile a atteint 15 124 euros par an en 2023, soit une hausse de 3,65% par rapport à l’année précédente. Un constat alarmant quand on sait que les retraites n’augmentent pas au même rythme.
Cette année, comme lors des années précédentes, l’augmentation globale des tarifs a été supérieure à l’inflation.
Ludovic Herschlikovitz, fondateur de Retraite.com
Parmi les postes de dépenses qui pèsent le plus lourd, on retrouve :
- Les mutuelles santé, dont les tarifs sont deux fois plus élevés pour les retraités que pour les salariés.
- Les franchises médicales et suppléments d’honoraires, qui grèvent le budget santé des aînés.
- Les services à la personne (aide-ménagère, auxiliaire de vie…), dont le coût ne cesse de croître.
- Les travaux d’adaptation du logement, souvent nécessaires mais onéreux.
Un Reste à Charge Toujours Plus Élevé Pour Les Familles
Face à ces dépenses croissantes, les aides publiques peinent à suivre. L’APA (allocation personnalisée d’autonomie) et les aides au logement ne couvrent qu’une partie des frais, laissant un reste à charge conséquent pour les personnes âgées et leur famille.
Selon une étude récente, le reste à charge moyen pour une personne âgée dépendante s’élève à 2 200 euros par mois. Un montant difficilement supportable pour des retraités dont la pension moyenne tourne autour de 1 400 euros.
Des Solutions Encore Insuffisantes
Pour tenter de répondre à cet enjeu, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures ces dernières années :
- Le plan de soutien aux services à domicile, doté de 550 millions d’euros.
- La revalorisation de l’APA de 30% d’ici 2024.
- Le crédit d’impôt instantané pour les services à la personne.
- Le congé proche aidant indemnisé.
Mais ces dispositifs restent encore trop limités face à l’ampleur des besoins. Les associations appellent à une véritable réforme de la prise en charge de la dépendance, avec la création d’un 5e risque de sécurité sociale.
Vers Une Meilleure Anticipation du Vieillissement ?
Au-delà des aides publiques, c’est aussi une évolution des mentalités qui semble nécessaire. Anticiper sa perte d’autonomie, adapter son logement de manière préventive, souscrire une assurance dépendance… Autant de démarches qui restent encore marginales chez les seniors français.
Il faut encourager une meilleure préparation du vieillissement, tant sur le plan financier que sur l’adaptation du lieu de vie. C’est un enjeu de société majeur pour les années à venir.
Olivier de Ladoucette, gérontologue et président de la fondation Médéric Alzheimer
Car si vieillir chez soi a un coût, c’est aussi le souhait de l’immense majorité des personnes âgées. Un souhait légitime, qui nécessite cependant une véritable politique de soutien et d’accompagnement pour devenir une réalité sereine et durable pour tous.