Alors que le Royaume-Uni s’apprête à débattre de la légalisation de « l’aide à mourir » pour les malades en phase terminale, la question de l’euthanasie et du suicide assisté est revenue sur le devant de la scène. Face aux souffrances de fin de vie, de plus en plus de pays ont choisi d’autoriser, sous certaines conditions, le droit de mourir dans la dignité. Tour d’horizon des législations en vigueur à travers le monde.
Les pionniers de l’euthanasie : Pays-Bas, Belgique et Luxembourg
Dès 2002, les Pays-Bas et la Belgique ont été les premiers pays européens à légaliser l’euthanasie, c’est-à-dire la possibilité pour un médecin de provoquer la mort d’un patient qui en fait la demande, sous réserve de respecter un strict cadre légal :
- Aux Pays-Bas, le patient doit souffrir de manière insupportable et sans espoir d’amélioration, ce qui doit être attesté par le médecin et un expert indépendant. Depuis avril 2023, cette aide à mourir a été élargie aux enfants de moins de 12 ans.
- En Belgique, la demande doit être « volontaire, réfléchie, répétée » et formulée « sans pression extérieure ». Le pays a été le premier à autoriser l’euthanasie pour les mineurs, sans limite d’âge, en 2014.
Le Luxembourg a suivi en 2009 en dépénalisant à la fois l’euthanasie et le suicide assisté, qui consiste pour le patient à s’administrer lui-même un produit létal prescrit par un médecin.
Espagne et Portugal : des lois récentes
L’Espagne a adopté en mars 2021 une loi autorisant l’euthanasie et le suicide médicalement assisté pour toute personne souffrant d’une « maladie grave et incurable » ou de douleurs chroniques insupportables. Les demandes font l’objet d’un examen strict et environ une sur deux est refusée. Au Portugal, la dépénalisation de l’euthanasie a été officialisée en mai 2023 mais n’est pas encore entrée en vigueur.
Le cas particulier de la Suisse
Si l’euthanasie active est interdite en Suisse, le suicide assisté y est en revanche autorisé et encadré. Des associations comme Exit accompagnent ainsi les personnes en fin de vie qui souhaitent mettre fin à leurs jours, en leur fournissant la substance létale qu’elles devront ingérer elles-mêmes. Les critères sont stricts : il faut être majeur, capable de discernement et atteint d’une maladie incurable ou de souffrances intolérables. L’Autriche a suivi une voie similaire fin 2021.
L’aide à mourir progresse en Amérique et en Océanie
Aux États-Unis, une dizaine d’États ont légalisé le suicide assisté ces 30 dernières années. Le Canada a autorisé « l’aide médicale à mourir » en 2016 pour les adultes atteints d’une maladie grave et incurable. Des évolutions notables ont aussi eu lieu récemment en Amérique latine, avec la Colombie qui a dépénalisé le suicide assisté en mai 2022, suivie par l’Équateur en février dernier.
Du côté de l’Océanie, la Nouvelle-Zélande a légalisé « l’aide à mourir » par référendum en 2020, sous la forme d’un suicide assisté ou d’une euthanasie selon les cas, pour les malades en phase terminale de plus de 18 ans. L’Australie autorise quant à elle une « aide à mourir volontaire » dans cinq États sur six.
Des projets de loi en suspens en France
En France, un projet de loi visant à instaurer une aide active à mourir a été examiné en juin dernier à l’Assemblée nationale, avant d’être interrompu par la dissolution de cette dernière. Le débat devrait reprendre en février prochain, avec l’examen d’un nouveau texte ou d’une proposition reprenant en grande partie le contenu de celui avorté en juin.
À travers le monde, les législations sur la fin de vie évoluent progressivement pour permettre aux personnes confrontées à des souffrances extrêmes de choisir les conditions de leur mort. Mais dans ce domaine qui soulève d’importantes questions éthiques, de nombreux pays restent réticents à franchir le pas. Le débat qui s’ouvre au Royaume-Uni permettra de voir si le pays choisit de rejoindre le groupe des nations ayant légalisé l’aide à mourir, ou s’il maintient le statu quo.