Le président ultralibéral argentin Javier Milei a déclaré mardi qu’il poursuivrait sans relâche ses coupes drastiques dans les dépenses publiques en 2025, prolongeant ainsi un programme d’austérité qui a déjà entraîné la suppression de 33 000 emplois publics en moins d’un an de gouvernement.
Dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), M. Milei a affirmé : « J’ai commencé à réfléchir aux mesures du gouvernement pour ce que sera 2025. Étant donné le panorama, je confirme que je continuerai à fond avec la tronçonneuse. VIVE LA LIBERTÉ, BORDEL ! »
Un programme d’austérité sans précédent
Depuis son investiture en décembre 2023, le président autoproclamé « anarcho-capitaliste » mène une politique économique ultra-rigoriste, avec pour objectif un « déficit budgétaire zéro ». Son gouvernement a procédé à la fermeture d’organismes d’État, au gel des chantiers publics, à la suppression massive de subventions (énergie, transports…) et à la réduction des financements alloués aux provinces.
La « tronçonneuse », brandie par Milei lors de ses meetings pendant sa campagne présidentielle victorieuse de 2023, est devenue le symbole de sa guerre contre ce qu’il considère comme « l’État-ennemi ». Selon le ministre de la Dérégulation et de la Transformation de l’État, Federico Sturzenegger, le gouvernement avait supprimé à fin octobre 33 291 emplois publics, dont plus de 20 000 dans l’administration centrale et 11 000 dans des entreprises publiques.
Des résultats en demi-teinte
Si l’exécutif se félicite d’un retour à des excédents budgétaires mensuels consécutifs depuis début 2024, du jamais vu en Argentine depuis 16 ans, et d’une inflation en décélération autour de +3% à 4% par mois contre 17% en moyenne en 2023, l’économie reste englué dans la récession. Le FMI prévoit une contraction du PIB de 3,5% fin 2024, même s’il anticipe un fort rebond en 2025 à +5%.
Mais c’est surtout sur le plan social que la thérapie de choc du président Milei fait des ravages. Selon les chiffres officiels, la pauvreté touchait plus de 52% de la population au premier semestre 2024, soit un bond de 11 points en six mois. Le chef de l’État affirme cependant qu’après un pic en début d’année, sous l’effet des premières mesures choc comme la dévaluation de décembre 2023, la pauvreté a commencé à refluer.
Cap maintenu malgré les critiques
En dépit des conséquences économiques et sociales déjà lourdes de sa politique, et des nombreuses critiques qu’elle suscite dans le pays et à l’international, Javier Milei semble donc déterminé à maintenir le cap. Son annonce de nouvelles coupes budgétaires en 2025 risque de renforcer les inquiétudes sur la situation de l’Argentine et sur l’avenir des populations les plus vulnérables.
Reste à voir si le président parviendra à tenir ses engagements sans provoquer une explosion sociale, alors que la grogne monte dans le pays. Son pari est risqué, mais Milei semble convaincu que sa « tronçonneuse » est le seul moyen de réformer en profondeur un État qu’il juge dispendieux et inefficace. L’avenir dira s’il avait raison, mais d’ici là, les Argentins risquent de payer un lourd tribut à la quête de « liberté » de leur président.