L’Organisation des Nations Unies (ONU) vient de tirer la sonnette d’alarme sur une situation alarmante qui touche ceux qui se dévouent corps et âme pour venir en aide aux populations les plus vulnérables dans les zones de conflit. Les travailleurs humanitaires, ces héros de l’ombre qui risquent leur vie au quotidien pour sauver celle des autres, sont devenus des cibles comme jamais auparavant. Un triste record qui en dit long sur la brutalité croissante des conflits armés à travers le monde.
Des pertes sans précédent
Selon les données de l’ONU, 280 travailleurs humanitaires ont été tués dans 33 pays en 2023. Un bilan effroyable qui représente plus du double de la moyenne annuelle des dix années précédentes. Et l’hécatombe ne semble pas prête de s’arrêter puisque ce record macabre a déjà été battu en 2024 alors même que l’année n’est pas encore terminée. Aux derniers décomptes, ce sont 282 vies qui ont été fauchées alors qu’elles tentaient d’en sauver d’autres.
Plutôt qu’un pic de court terme, il semble que nous assistions à quelque chose de l’ordre d’un changement radical.
Abby Stoddard, fondatrice du centre de recherche Humanitarian Outcomes
Face à cette situation catastrophique, plus de 110 pays membres de l’ONU se sont réunis mardi dernier à New York pour rendre hommage à ces humanitaires tombés au combat de la solidarité. Ensemble, ils ont lancé un puissant appel à renforcer la protection de ceux dont « le dévouement est essentiel pour sauver des vies et soulager les souffrances de millions de personnes à travers le monde ».
La guerre a des limites
L’ambassadrice suisse à l’ONU, Pascale Baeriswyl, a martelé un message crucial au nom des 117 signataires de cette déclaration commune :
Nous le répèterons aussi longtemps que nécessaire : les civils, et ceux qui les aident, doivent être respectés et protégés. Ils ne sont pas des cibles.
Pascale Baeriswyl, ambassadrice suisse à l’ONU
Le droit international humanitaire, et notamment les célèbres Conventions de Genève dont la Suisse est dépositaire, pose des limites claires à la barbarie de la guerre. Des principes intangibles qui devraient protéger les travailleurs humanitaires mais qui sont de plus en plus bafoués sur le terrain des conflits.
Un devoir de protection
Face à cette érosion catastrophique du respect du droit humanitaire, le Conseil de sécurité de l’ONU, en tant que « gardien de la paix et de la sécurité internationales », a un rôle crucial à jouer. Comme l’a rappelé symboliquement l’ambassadrice suisse en lui présentant des chaises vides portant l’inscription « la guerre a des limites », il est du devoir de cette instance de garantir la protection des groupes vulnérables.
Parmi les 117 signataires de l’appel lancé mardi à l’ONU, on retrouve l’ensemble des membres du Conseil de sécurité à l’exception notable de la Russie. Une absence remarquée, tout comme celles d’Israël ou du Soudan, qui en dit long sur les divisions de la communauté internationale face à cet enjeu vital.
L’urgence d’agir
Le triste record de travailleurs humanitaires tués en 2023 et 2024 est le symptôme d’une crise profonde du système humanitaire international. Face à des conflits de plus en plus brutaux et des populations toujours plus vulnérables, l’aide d’urgence est plus que jamais vitale. Mais elle ne pourra être délivrée efficacement que si la sécurité de ceux qui la dispensent est garantie.
L’appel lancé par plus de 110 pays à l’ONU est un premier pas crucial. Mais il doit maintenant se traduire par des actes concrets sur le terrain pour que le sacrifice de ces centaines d’humanitaires ne soit pas vain. C’est une question de vie ou de mort pour les millions de civils pris au piège des conflits et qui dépendent de cette aide pour survivre. L’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande.