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L’accord UE-Mercosur contesté : la Pologne rejoint la France

La Pologne rejoint la France dans son opposition à l'accord UE-Mercosur. Une alliance qui pourrait faire basculer les négociations et protéger les agriculteurs européens. Mais à quel prix pour le libre-échange ?

L’Union européenne et le Mercosur, ce bloc économique d’Amérique du Sud, peinent à s’entendre. Alors qu’un ambitieux accord de libre-échange se profilait, plusieurs pays européens expriment leurs réticences, craignant pour leurs agriculteurs. Après la France, c’est au tour de la Pologne de monter au créneau.

Varsovie rejoint Paris dans son opposition

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a été on ne peut plus clair : son pays « n’acceptera pas l’accord de libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud, c’est-à-dire le bloc Mercosur, sous cette forme ». Une prise de position ferme qui fait écho à celle défendue par la France depuis plusieurs mois.

Le gouvernement polonais, résolument pro-européen, a même adopté une résolution officielle s’opposant au projet d’accord dans sa mouture actuelle. Principal argument avancé : « l’inquiétude pour les agriculteurs polonais et la sécurité alimentaire ». Des craintes partagées par de nombreux pays de l’UE, la France en tête.

La France en quête d’une « minorité de blocage »

Paris ne cache pas sa volonté de rallier d’autres capitales européennes afin de constituer une « minorité de blocage » au sein du Conseil de l’UE. L’objectif : empêcher l’entrée en vigueur de l’accord une fois les négociations achevées. Un véritable bras de fer diplomatique qui s’engage.

Des actions diplomatiques sont en cours pour constituer une minorité qui empêchera l’entrée en vigueur de l’accord.

Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, vice-Premier ministre polonais

Avec le soutien de Varsovie, l’Élysée se montre confiant dans sa capacité à « constituer une telle minorité », même si la tâche s’annonce ardue. D’autres pays devront être convaincus pour espérer peser face aux partisans de l’accord.

L’agriculture européenne sur la défensive

Au cœur des inquiétudes : la concurrence des produits agricoles sud-américains, jugée déloyale par de nombreux producteurs européens. Ils redoutent un dumping social et environnemental qui pourrait les « évincer du marché de l’UE », selon le ministère polonais de l’Agriculture.

  • Les secteurs de la volaille, du bœuf, du sucre et de l’éthanol seraient les plus touchés.
  • Une vague de protestations a eu lieu dans les campagnes européennes, notamment en France.
  • Les agriculteurs réclament des garanties et une concurrence équitable.

Face à cette bronca, la Commission européenne tente de rassurer, promettant des mesures de sauvegarde et un mécanisme de surveillance des importations. Mais cela suffira-t-il à convaincre les États frondeurs ? Rien n’est moins sûr.

Un test pour la politique commerciale de l’UE

Au-delà des enjeux agricoles, c’est toute la stratégie commerciale de l’Union européenne qui se retrouve questionnée. Faut-il privilégier le libre-échange à tout prix, quitte à fragiliser certains secteurs ? Ou adopter une approche plus protectionniste pour défendre ses intérêts ?

Pour les partisans de l’accord, il en va de la crédibilité de l’Europe sur la scène internationale. Renoncer au traité avec le Mercosur enverrait « un très mauvais signal » et remettrait en cause des années de négociations laborieuses.

L’Europe ne peut pas se permettre de se fermer. Nous devons rester un continent ouvert sur le monde, capable de conclure des partenariats ambitieux.

Une source européenne

Mais les opposants insistent sur la nécessité de ne pas sacrifier l’agriculture sur l’autel du commerce. Ils plaident pour une Europe qui protège ses producteurs et défend une certaine idée de la souveraineté alimentaire.

Le débat est loin d’être tranché et les prochains mois s’annoncent décisifs. Les négociations vont se poursuivre, sous haute tension diplomatique, avec l’espoir d’arriver à un compromis acceptable par tous. Un sacré défi au vu des positions tranchées de part et d’autre.

Une chose est sûre : l’accord UE-Mercosur, présenté comme historique, risque de devenir un véritable casse-tête pour les Européens. Entre intérêts commerciaux et préoccupations agricoles, Bruxelles va devoir composer. Sans perdre de vue l’essentiel : construire un partenariat durable et mutuellement bénéfique avec ce géant sud-américain en plein essor.

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