C’est une affaire complexe et sensible qui tient en haleine le monde du rugby. Depuis près de cinq mois, deux jeunes rugbymen français, Hugo Auradou et Oscar Jegou, âgés de 21 ans, sont inculpés de viol aggravé en Argentine. Les faits présumés se seraient déroulés dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de disputer un test-match contre l’équipe locale. S’en serait suivie une « troisième mi-temps » qui a viré au cauchemar.
Après deux jours d’audiences à huis clos devant le pôle judiciaire de Mendoza, la juge Eleonora Arenas a mis sa décision en délibéré concernant un éventuel non-lieu, c’est-à-dire l’abandon des poursuites contre les joueurs. Une décision lourde de conséquences qu’elle ne prendra qu’après avoir analysé minutieusement tous les éléments du dossier. « C’est un cas compliqué », a reconnu Rafael Cuneo Libarona, l’avocat des rugbymen.
Deux versions radicalement opposées
Depuis le début de cette affaire, les deux camps se livrent une bataille acharnée et présentent des versions diamétralement opposées des événements. D’un côté, les rugbymen clament leur innocence, affirmant que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et sans violence. De l’autre, l’avocate de cette dernière dénonce un viol d’une « violence terrible ».
Lors des audiences, le parquet a requis le non-lieu, estimant que les preuves étaient insuffisantes pour poursuivre les joueurs. Une position vivement contestée par Me Natacha Romano, l’avocate de la plaignante, qui a plaidé pour le « rejet total » de cette demande, arguant qu’il fallait continuer d’enquêter. Sa cliente, trop affectée, n’a pu assister aux débats mais reste « convaincue de sa vérité ».
La défense affirme avoir démontré l’innocence des joueurs
De leur côté, les avocats d’Hugo Auradou et Oscar Jegou se montrent confiants. Selon Me Cuneo Libarona, la défense a « pas à pas, démontré l’innocence » des rugbymen. « Ce délit n’a pas existé, nous n’avons aucun doute », a-t-il martelé, invoquant « l’existence de consentement ».
Une décision suspendue à l’analyse du dossier
La balle est désormais dans le camp de la juge Eleonora Arenas. Elle va devoir éplucher le dossier, peser le pour et le contre, avant de rendre une décision qui s’annonce déjà controversée, quelle qu’elle soit. Aucune date n’a été communiquée pour l’annonce du délibéré. « Elle doit tout analyser (…) qu’elle prenne son temps », a commenté l’avocat des Français.
Cette affaire, au-delà de son volet judiciaire, a suscité une vive émotion et de nombreux débats, en France comme en Argentine. Elle illustre la difficulté d’établir la vérité dans ce type de dossiers, où les versions s’affrontent sans nécessairement de preuves irréfutables. Un cas épineux qui place la justice face à ses responsabilités et qui ne manquera pas de faire réagir, une fois le verdict prononcé.