Alors qu’on la pensait durablement maîtrisée, tel un fantôme du passé ressurgissant des limbes, l’inflation en zone euro a fait un retour aussi inattendu que spectaculaire en mai. Selon les derniers chiffres publiés par Eurostat, la hausse des prix à la consommation a en effet atteint 2,6% en glissement annuel sur la période, un niveau bien supérieur aux prévisions des analystes. Mais que se cache-t-il derrière ce rebond inflationniste soudain ?
La BCE prise à contre-pied
Avec ce coup d’éclat statistique, c’est la Banque Centrale Européenne qui se retrouve dans une position délicate. L’institution de Francfort, qui espérait pouvoir commencer à réduire progressivement ses taux directeurs en juin après des mois de politique monétaire ultra-accommodante, voit ses plans potentiellement remis en cause. Pour les gardiens de l’euro, ce chiffre d’inflation à 2,6% représente en effet un dépassement conséquent de l’objectif officiel de 2%.
Des facteurs multiples en cause
Mais alors, quelles sont les raisons de cette poussée inflationniste inattendue ? D’après les experts, plusieurs éléments se conjuguent :
- La remontée des cours du pétrole, avec un baril de Brent repassé au-dessus des 75 dollars.
- Des effets de base défavorables liés au plongeon des prix il y a un an lors du premier confinement.
- Des tensions sur certaines chaînes d’approvisionnement entraînant des hausses de coûts.
- Le dynamisme de la demande dopé par les réouvertures post-Covid et les aides publiques.
Cette accélération de l’inflation ne manquera pas d’alimenter le débat sur le bon calendrier de normalisation de la politique monétaire.
– Frederik Ducrozet, stratégiste chez Pictet
Quel impact pour les ménages ?
Difficile en tout cas d’ignorer les répercussions de ce regain d’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages européens. Déjà confrontés à une crise économique et sociale majeure liée à la pandémie, les consommateurs de la zone euro pourraient voir leur budget se contracter davantage dans les mois à venir en cas de persistance de cette hausse des prix.
Autant de raisons pour la BCE de faire preuve de prudence et d’agilité dans le pilotage délicat de sa politique monétaire. Entre impératif de soutien à l’économie et risque de dérapage inflationniste, l’équation s’annonce plus complexe que jamais pour l’institution. Les prochaines réunions de son conseil des gouverneurs s’annoncent donc particulièrement scrutées…
