Après deux mandats à la tête de la capitale, Anne Hidalgo ne briguera pas un troisième mandat en 2026. L’occasion de revenir sur les transformations majeures qu’a connues Paris ces dix dernières années sous l’impulsion de la maire socialiste. Un bilan en clair-obscur, entre des avancées saluées en termes de mobilités douces et de mixité sociale, mais des critiques virulentes sur l’urbanisme et les finances de la ville.
Paris, ville transformée par les Jeux olympiques
L’obtention puis la préparation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 auront été l’un des marqueurs forts du second mandat d’Anne Hidalgo. Un succès populaire qui a permis selon la maire de confirmer le statut de « plus belle ville du monde » de Paris, tout en accélérant sa transformation vers une cité « plus apaisée et moins polluée ». Le pont d’Iéna partiellement piétonnisé ou la voie olympique promise au covoiturage dès 2025 en sont des exemples.
Mais les anneaux olympiques pérennisés sur la tour Eiffel jusqu’en 2028 font grincer des dents, certains y voyant une « enseigne publicitaire » peu respectueuse de l’œuvre de Gustave Eiffel et de l’intégrité du monument.
Vers une ville cyclable et piétonne
Plus largement, c’est toute la politique de déplacement et d’espace public de la maire de Paris qui s’est révélée clivante. En dix ans, la part de l’automobile a fortement reculé au profit des mobilités douces. Près de 500 km de pistes cyclables ont été déployés et la vitesse réduite à 50 km/h même sur le périphérique.
Si ces changements sont bien accueillis par beaucoup d’habitants, d’autres dénoncent un partage de la route conflictuel et un « chaos des déplacements » provoqué par des aménagements mal pensés. Des critiques encore exacerbées par une accidentalité toujours préoccupante pour les cyclistes et des travaux qui peinent à s’achever.
Augmentation record du parc social, baisse démographique
Côté logement, la mandature Hidalgo a permis d’atteindre l’objectif de 25% de logements sociaux fin 2023. Une avancée significative pour la mixité sociale, renforcée par le nouveau Plan local d’urbanisme qui vise 40% de logements publics d’ici 2035, ainsi que la création de 300 nouveaux hectares d’espaces verts.
Mais dans le même temps, la capitale a perdu quelque 140 000 habitants en dix ans, une « fuite » que la droite municipale attribue en partie à un « urbanisme invivable » fait de « trop de bétonisation et de dédensification ». Un défi majeur pour une des villes les plus denses au monde.
Des finances sous pression
Autre point noir du bilan, la situation financière préoccupante de la ville, dont la dette devrait frôler les 10 milliards d’euros fin 2025. Anne Hidalgo assume des investissements colossaux mais nécessaires dans la transition écologique et le logement, malgré des marges budgétaires réduites par la baisse des dotations gouvernementales.
Des arguments qui peinent à convaincre une opposition fustigeant une gestion dispendieuse, au risque de mettre en péril les capacités d’action de la ville pour les années à venir. Ce débat complexe sur la soutenabilité des finances parisiennes promet de rester central pour le prochain exécutif municipal.
On peut donc parler d’un bilan contrasté mais riche pour Anne Hidalgo, avec des transformations ambitieuses et controversées, dont l’évaluation et la mise en perspective seront un enjeu politique fort des prochaines années. Paris a changé de visage, pas forcément dans un esprit d’apaisement, mais en esquissant des pistes d’avenir sur les mobilités, le logement ou l’attractivité. Une ville en transition, assurément, où il reste à trouver le juste équilibre entre aspirations écologiques et impératifs d’une capitale qui se veut vibrante et inclusive.