Une centaine de combattants pro-iraniens tués en une semaine. Des dizaines de frappes israéliennes sur le sol syrien. L’escalade militaire entre Israël et les groupes alliés de l’Iran en Syrie prend une tournure de plus en plus meurtrière et préoccupante. Alors que la guerre fait rage au Liban voisin, ce nouveau front syrien laisse craindre un embrasement de toute la région.
La Syrie, Nouveau Champ de Bataille d’Israël
Depuis le 26 septembre, en parallèle de son offensive au Liban, Israël a enchaîné les bombardements sur le territoire syrien, visant principalement des cibles liées à l’Iran et au Hezbollah libanais. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ces raids ont tué près de 200 soldats syriens et combattants affiliés à Téhéran, ainsi qu’une quarantaine de civils.
Le 20 novembre, l’aviation israélienne a frappé un record sanglant en tuant 106 combattants pro-iraniens en une seule journée de bombardements sur la ville de Palmyre, dans le centre de la Syrie. Jamais une frappe de cette ampleur n’avait été menée depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011.
Couper les Routes d’Approvisionnement
L’objectif affiché par Israël est clair : empêcher à tout prix que la Syrie ne devienne une base avancée de l’Iran à sa frontière. Pour cela, l’armée israélienne concentre ses attaques sur deux cibles :
- Les convois d’armes acheminées via la Syrie pour ravitailler le Hezbollah qui combat Israël au Liban.
- Les entrepôts et bases logistiques des milices pro-iraniennes sur le sol syrien, servant de points de transit.
En bombardant systématiquement les postes-frontières et les axes routiers, Israël cherche à couper les lignes d’approvisionnement de ce qu’il considère comme un « Axe de la Résistance » antisioniste, allant de Téhéran à la Méditerranée en passant par Bagdad, Damas et Beyrouth.
La Syrie représente la ligne de vie logistique depuis l’Iran, via l’Irak, jusqu’au Hezbollah. Israël veut couper cette chaîne à tout prix.
Une source proche du Hezbollah
L’Iran et l’Irak dans le Viseur
Mais l’escalade actuelle fait craindre à Téhéran et Bagdad qu’ils soient les prochains sur la liste des cibles israéliennes, même en cas de trêve au Liban. La diplomatie israélienne a récemment sommé l’ONU de stopper les attaques de « milices pro-iraniennes » depuis l’Irak, rappelant qu’Israël se réservait le droit de riposter.
De son côté, l’Irak redoute qu’Israël ne cherche des prétextes pour justifier une « agression planifiée » sur son sol. Bagdad a néanmoins promis d’œuvrer pour empêcher que son territoire ne serve de base arrière pour attaquer l’État hébreu.
Israël Profite d’une Syrie Exsangue
Face aux bombardements à répétition, la réaction syrienne reste pour l’heure minimaliste. Mis à part des condamnations de principe, Damas semble avoir peu de moyens de riposter, épuisée par une décennie de guerre civile et d’effondrement économique.
Le rôle de la Syrie n’est pas d’affronter Israël. Damas n’a pas beaucoup d’autres options que d’encaisser les coups pour le moment.
Sam Heller, analyste
De fait, avec la guerre au Liban voisin, l’équilibre de dissuasion entre Israël et le Hezbollah s’étant volatilisé, Tsahal semble avoir les mains libres pour pilonner la Syrie sans trop de craintes de représailles. Une situation qui pourrait perdurer, le temps d’affaiblir durablement l’influence iranienne dans la région.