Alors que le projet de loi de finances 2025 s’apprête à être examiné à l’Assemblée nationale, les PDG des grandes entreprises françaises montent au créneau. Ils dénoncent les dangers des hausses d’impôts prévues dans ce budget qu’ils qualifient de « tête-à-queue de politique économique ». Une situation qui fait craindre une perte de compétitivité pour les entreprises tricolores.
La crainte d’un « ruissellement à l’envers »
Pour Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, ce projet de loi de finances « nous remet en queue de peloton européen en termes de qualité des finances publiques ». Il pointe notamment du doigt l’augmentation du taux d’imposition sur les sociétés qui risque de freiner l’investissement et l’emploi alors que la France avait retrouvé de la compétitivité ces dernières années.
On a eu un mandat et demi qui n’a pas été un mandat de cadeaux, mais qui a permis de ramener la France dans la moyenne européenne. Avec ce budget, c’est le ruissellement à l’envers !
Alexandre Bompard, PDG de Carrefour
Un sentiment partagé par de nombreux grands patrons qui s’inquiètent des effets de ces hausses d’impôts sur la santé de leurs entreprises et plus globalement sur l’attractivité de la France. Selon une source proche des milieux économiques, le gouvernement serait en train de « tuer la poule aux œufs d’or » en alourdissant excessivement la pression fiscale.
La « créativité fiscale » des députés pointée du doigt
Outre les mesures initialement prévues dans le projet de budget, les chefs d’entreprise redoutent également les amendements qui pourraient être votés lors de l’examen du texte au Parlement. Beaucoup craignent une surenchère de « créativité fiscale » de la part des députés pour trouver de nouvelles recettes.
Une perspective qui inquiète fortement les acteurs économiques, d’autant que la situation des finances publiques françaises est déjà très dégradée avec une dette qui frôle les 3000 milliards d’euros. « Si on continue comme ça, on court à la catastrophe », s’alarme un grand patron du CAC40 qui a requis l’anonymat.
Un budget à haut risque pour l’économie ?
Si les hausses d’impôts se confirment, elles pourraient avoir des répercussions en cascade sur toute l’économie française :
- Baisse des investissements des entreprises
- Ralentissement des embauches voire suppressions d’emplois
- Perte d’attractivité et de compétitivité face aux pays voisins
- Risque accru de délocalisations
- Frein à la consommation des ménages en raison des hausses de prix répercutées
Autant de conséquences négatives qui font dire à certains observateurs que ce budget 2025 est un véritable « budget de la peur » pour les entreprises et l’emploi. La balle est désormais dans le camp des députés qui devront faire preuve de responsabilité lors de l’examen de ce projet de loi si crucial pour l’avenir économique du pays.
Le gouvernement défend un « budget de responsabilité »
Face aux critiques, l’exécutif tente de rassurer en affirmant que ce budget permettra de financer les priorités du quinquennat tout en maîtrisant les dépenses publiques. Le ministre de l’Économie assure qu’il s’agit d’un « budget de responsabilité » qui vise à redresser progressivement les comptes de la France.
Mais pour beaucoup de chefs d’entreprise, l’équation est impossible à tenir sans mettre en péril la croissance et l’emploi. Ils appellent le gouvernement et les parlementaires à revoir leur copie pour éviter que ce budget ne se transforme en boulet pour l’économie française.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives avec un bras de fer qui s’engage entre le patronat et l’exécutif sur fond de crise économique et sociale. L’enjeu : préserver la compétitivité des entreprises françaises tout en répondant à l’urgence budgétaire. Un défi de taille pour le gouvernement qui joue gros sur ce dossier explosif.